Les
chiennes de garde (forum) mai
2001
Aubade,
leçons pour Geichas occidentales
NB
en bleu électrique les propos d'Anne-Charlotte Pasquier, PDG d'Aubage
Cloclo Voici le message que j'ai envoyé a Aubade : "Je ne supporte pas les affiches de la campagne Aubade et j'espère que je ne suis pas la seule, cette femme sans tête et uniquement programmée pour la satisfaction de l'homme qui peut s'y reconnaître ? les call-girl peut-être et encore ! Je vous demande de respecter la femme et l'être humain en général, par cette campagne vous participez à la violence et l'incompréhension entre les personnes et peut-être même à la justification des tournantes et autres viols." Claudine
et voici la réponse que j'ai reçue : "Madame, PDG, je suis femme cette société est dirigée par deux femmes, ce qui est rare dans le monde économique. Nous sommes mariées, mères de famille et fidèles à nos époux (ils le sont également à leurs épouses, mais peut être savons nous encore après plus de dix ans de mariage faire ce qu'il faut pour !) ....je crois que vous vous trompez d'adresse !!!!! je suis l'initiatrice de cette campagne qui rencontre depuis dix ans un succès et l'approbation de tous (femmes et hommes: j'y veille personnellement) madame, au risque d'outrepasser mes compétences, je crois qu'il serait bon que vous parliez à votre psychothérapeute des émotions et des violences que ces images génèrent en vous..... bien à vous ann charlotte Pasquier"
Lysistrata Madame, je viens de comprendre votre raisonnement : si l'on est féministe, célibataire ou divorcée, pas une pin-up, que nous n'avons pas envie de "tourner" dans les tournantes ou de voir nos corps tronçonnés affichés à la face de la société, nous DEVONS, afin de vous laisser vous engraisser financièrement, courir de TOUTE URGENCE CHEZ LE PSY. Prochaine étape ? L'Asile d'aliénées ? La guillotine (on peut la ressortir du musée) ? Peut-être la lapidation ? Que préférez-vous ? Je ne vous salue pas, Madame, mais me prosterne devant vous et vous lèche les pieds de m'avoir éclairée !
Ssyb il faut taper là où ça fait mal ... Boycott ! Je suis au moins autant choquée par la réponse que par les pubs : je ne dois pas être normale.
Zaherrdine Comme dis l'adage les absents ont toujours tort. Par contre on ne peut point nier leur affiche A+
Charlotte MAIS CETTE LETTRE, bordel, c'est atterrant. Elle pouvait sortir des kilotonnes d'arguments, mais alors là, c'est trop génial. Moi, je la filerai à la presse.
Cloclo merci pour vos réponses, je me sens moins seule ! pour la véracité, vous pouvez le lui demander vous-même : acpasquier@aubadepro.com
maudy Comme si être mariée depuis 10 ans, fidèle (avec époux fidèle mais comment en est-elle sûre, elle le filme 24h/24 ?), mère de famille, était un signe de santé mentale et de respect des femmes. Navrant.
Mede Je trouve le concept, d'une vulgarité assez phénoménale. Je doit être bête, mais je pensais que les bas mettaient avant tout en valeur les jambes. Bah, j'ai dû me tromper. Je pense qu'elle sous-entend que nous sommes trop connes pour savoir qu'un bas se remonte jusqu'en haut et nous en donnent la preuve. Merci Aubade, de nous en apprendre plus chaque semaine. Bientôt dans les tubes tampax on nous dira : vous pouvez utiliser tampax, même si vos règles ne sont pas du bleu de méthylène dilué.
Myrrha La femme sans tête (donc qui n'est que corps) est un must dans la fantasmagorie sexuelle masculine. D'ailleurs, une des spécialités des bordels bien pourvus était (est ?) justement un mur muni d'un trou où la prostituée passe sa tête pour que seul son corps (son cul) reste visible au client. Tout ceci est fortement symbolique, et je suis sûre que vous décrypterez la morale de l'histoire tou-te-s seul-e-s.
Elis Voilà un fil bien instructif et qui relaie les autres fils sur la pub. Et à nouveau me voilà complètement atterrée !!! Par la pub Aubade évidemment dont on doit supporter les visuels répétitifs et aguicheurs (que je mets dans le même sac que YSL) : porno chic et misère machiste, avec l'idée que les femmes se résument à des morceaux de corps affriolants et des slips qui sont là pour montrer les fesses ou les seins le plus possible. Mais la réponse de la soi-disant D.A, c'est à désespérer complètement de pouvoir un jour réveiller ne serait-ce qu'un souffle de conscience féministe chez une femme aussi débile. Peut-on parler seulement d'arguments ? La seule chose qu'elle invoque dans sa réponse, c'est qu'elle pense avoir été protégée dans son couple et son mariage par sa lingerie en insinuant que celles qui considèrent qu'il y a des choses plus importantes doivent aller voir les psys... Tout ceci mérite qu'on l'inonde de courrier pour qu'elle se donne enfin l'autorisation d'utiliser la partie gauche et droite de son cerveau !
Mathieu "leçon", donc conseil à suivre, ou plus exactement un devoir à apprendre, pas encore un ordre mais on est dans ce registre, celui de la normativité. et cette norme c'est toujours utiliser les armes de l'excitation sexuelle pour que l'homme perde ses moyens. Là on est en plein dans le cliché sexiste habituel, en 10 ans de cette pub (en France, personne qui ne la connaisse pas) jamais il n'a été question dans le texte que celle qui porte ces sous-vêtements pourrait le faire pour elle-même. Non, c'est toujours par rapport à un au désir d'un homme, exclusivement. Les photos étant très soignées, on a souvent justifié ces pubs par leur beauté. Je crois que ces pubs sont sexistes.
elis
[
] le matraquage publicitaire sur les panneaux Decaux. C'est quand même
toujours le même raisonnement de base : la femme a un corps qui ne lui
appartient pas puisqu'il n'existe que pour séduire les hommes.
Elle est sans cesse confrontée à une image d'elle qui la présente
comme narcissique, amoureuse de son corps, lascive. Et je suis d'accord avec
le mot geisha du titre du fil : la femme a un mal fou à trouver une
place de sujet pensant dans cette société. Elle est soit
écrasée par le pouvoir masculin (pays orientaux) et interdite
à la vision ou alors elle voit
son image utilisée de façon mercantile, comme si elle
n'existait que pour servir de lèche-vitrine, d'attribut sexuel. En
fait ce qui me dérange dans toutes ces pubs, c'est cette exacerbation
de la sexualité que l'on connaît en France,
que ce soit dans la pub ou dans pas mal de films, pas forcément pornographiques.
Il ne s'agit pas d'être puritain, mais pudique, et de respecter le rapport
de chacun à son propre corps et celui du voisin. Or, dans toutes ces
pubs où l'érotisation du corps est mise en scène, je
trouve que ça nous renvoie à tout ce que l'on occulte:
la difficulté qu'ont les filles et les garçons de trouver leur
place dans cette société, avec ces rôles caricaturaux
qu'on leur renvoie, et le mépris total de la vieillesse,
comme quelque chose de honteux à bannir de nos esprits.
Mede Que cette PDG soit femme, cela ne prouve rien. Il y a des collabos partout.
Suzanne [ ] Une femme de 75 ans en Aubade? Aussi ridicule qu'une de 25. Ce qui fait vendre cette marque, c'est uniquement la pub. Le produit est minable pour le prix auquel il est vendu, et je sais de quoi je parle.
Françoise Je confirme: bien que coûtant la peau des fesses ( :-)), leurs slips sont mal coupés
Cloclo Merci de m'avoir répondu personnellement - votre réponse toutefois ne me satisfait pas, vous vous en doutez ! elle est très arrogante et très "pensée unique" il faut vous faire à l'idée que votre campagne peut ne pas recueillir "l'approbation de tous" !!
mais je m'en fout de plaire à tous, c'est impossible, et il n'y a aucune arrogance là dedans. Est-ce une raison pour ne rien dire, ne rien exprimer? alors il faudrait que l'on soit tous réduits au mutisme, tiens, comme théorie ça me rappelle un film qui s'appelle FARNIENTE 451 !!! dans pleins de cultures et de pays les gens se promènent nus sans qu'il y ait de tabou, de pensée sexuelles, de gêne. C'est l'époque Victorienne qui a inventé la pudeur et tout son chevalet d'interdits qui va avec: est-ce que ça libère "l'homme" ou est- ce que ça l'emprisonne? Pratiquez un peu le YOGA, ça vous apprendra à respirer et à comprendre que le corps a été crée comme support de l'esprit et pas en opposition avec lui (en lutte, en guerre, en violences: les interdits voila ce que ça produit ! ) La femme n'est pas en opposition avec l'homme, si elle peut contribuer à embellir le monde, à le pacifier, c'est très bien d'ailleurs, ça me fait penser que ce mouvement date bien des années 70, que à cette époque les jeunes se promenaient nus en plein air et proclamaient "faites l'amour et pas la guerre !" alors, il est ou le problème ? vous allez oser la faire paraître celle là ? je sens que ça va lancer un débat intéressant sur le net, ....mais qui risque d'être stérile, que d'énergie perdue pour rien ! Une chose encore: nous avons en ce moment un magnifique exemple avec les Talibans et ce qui se passe en Afghanistan des extrémismes auxquels le soit disant désir de protéger le corps de la femme du regard de l'autre peuvent mener, bonjour le respect de sa liberté. je reconnais que ce genre de sujet me met très très colère, d'où ma réaction à votre mail sans doute un peu expéditive, je m'en excuse, mais j'ai aussi une façon de rigoler de tout...encore une fois, y'a aucune arrogance dans cela. Il me semble que l'énergie des femmes française serait beaucoup mieux investie à réfléchir à la façon dont on peut soutenir et aider les femmes afghanes qu'a se crêper le chignon entre nous ! enfin, c'est ma façon à moi d'envisager le féminisme.... au fait, il est où le droit de réponse sur votre site ? Bonjour la démocratie ! ann charlotte Pasquier
fran.M Ci-après copie du mail que je viens d'envoyer à Mme Pasquier : Bonjour, Votre réponse en réaction à une femme qui critique vos pubs fait état du fait que les féministes feraient mieux de s'occuper des afghanes que de s'occuper de ...leurs fesses ? si j'ai bien compris. Sachez d'abord que comme argument de réponse, ce n'est pas très convaincant, et c'est même très banal, puisque c'est la remarque que l'on nous fait toujours. Sachez tout d'abord que les féministes françaises se préoccupent aussi du sort des afghanes, car être féminise c'est être humaniste. Est-ce que toutes les femmes se préoccupent du sort des étrangères ? Il me semble que cela inquiète beaucoup plus les féministes que les autres, alors s'il vous plaît, ne crachez pas sur celles qui agissent. Vos publicités à Montpellier sont sur des supports en plein milieu de quartiers occupés uniquement par des étrangers pauvres, et je suis très gênée de savoir qu'ils se font une opinion des femmes françaises en voyant ces pubs. Françoise M, présidente d'une association féministe, qui a enregistré ce matin des billets d'humeur pour une radio locale en parlant des afghanes.....
"si si, vous pouvez confirmer, j'suis bien le PDG d'AUBADE !!!! j'ai pas réussi à me connecter sur votre forum, malgré mon inscription....j'dois être un peu cruche, vous voyez, genre femme POTICHE bon, en fait, je crois qu'on doit être aussi teigne l'une que l'autre...même si on n'est pas d'accord sur le fond....p'être bien même qu'on se plairait si on se rencontrait ! j'ai pas bien compris pourquoi vous vous cognez les fesses au sol (!!!!) et vous probablement pas pourquoi je dis que votre réaction me fait ressentir un vent de Tchador qui approche... mais encore une fois "on ne peut pas plaire à tout le monde" faut vivre avec, bon, allez, continuez à bien vous amuser, j'ai trouvé le débat très passionnant (je prends toujours le temps de répondre personnellement, j'adore les débats et les gens, et j'ai pas de secrétaire qui tape mes messages...j'suis assez grande pour ça !) ann charlotte
Charlotte J'suis p'têt vieux jeu mais j'ai du mal à encaisser le style popu de la PDGette. J'y crois pas une seconde. Soit c'est pas elle, soit elle se donne un genre à côté de la plaq'. Soit elle a pris le premier ascenseur pour descendre à not' niveau. Ce dont nous la remercions, bien entendu.
FR Tous ces marchands, ces publicitaires et ces médias qui se vantent de faire du PORNO CHIC donneraient donc aussi dans le POPU CHIC ? Lard ou la manière d'associer des termes antinomiques pour (tenter de) fermer la gueule de leurs opposants. Oui, comme le dit Lysistrata [ ], les voilà nos vrais ennemis.
bonjour, mais j'ai insulté qui? c'est pas parce que j'évoque un problème préoccupant qu'il faut tout mélanger...j'ai simplement évoqué une histoire de priorité, il me semble et pourquoi dés que je dis quelque chose vous vous sentez agressées, on pourrait pas échanger cool deux secondes ? elle est ou la violence dans mes propos ? je suggère également d'interdire toute pub sur les maquillages et les crèmes de beauté, parce que c'est vraiment futile et que ça donne pas une bonne image des femmes et de leurs préoccupations, idem pour les produits de régime et pour les vêtements, la mode c'est vraiment pas sérieux ! les coiffeurs les produits pour teindre les cheveux aux oubliettes... oui alors, interdisons en France touts les pub de lingerie, les crèmes amincissantes en pharmacie et quoi encore ??? le débat va être intéressant pour savoir ce qu'il faut laisser moi, je fuis le pays si c'est le tchador que vous proposez. La femme a lutté dur pour gagner le droit de disposer de son corps, de sa contraception, de sa liberté, les femmes dans les années 60 étaient les premières à se dénuder pour affirmer leur droit à disposer d'elles même pas d'accord avec vous, je ressens que c'est un retour en arrière votre position est-ce que j'ai le droit d'exprimer un point de vue différent sans me faire lyncher ? visiblement, mes réponses son censurées sur votre site merci de faire paraître mon point de vue en même temps que le votre, c'est ça la démocratie, la liberté, et quoi que vous en pensiez, c'est ce que je défends cordialement ac
fran. Votre première réponse, si ce n'est pas à proprement parler une insulte, c'est une réaction très personnifiée, que l'on pourrait élégamment traduire par "si vous n'aimez pas ces pubs, c'est que vous êtes folle , allez consulter ? " Mais peut-être interprétais-je un peu trop, je vous l'accorde. Ne confondez pas tout, et ne caricaturez pas. vous pensez sérieusement que les féministes françaises veulent que toutes les femmes portent le tchador ? Pourquoi avoir ce niveau de réponses ? Nous désirons que l'image de femmes dans les pubs n'alterne pas entre la maman et la putain, la femme-enfant ou la mémère, nous voulons que le corps des femmes comme des hommes ne servent plus à vendre n'importe quoi. Comment vendre des sous-vêtements autrement que sur des corps (quoique, avec un peu d'imagination ?). Les critiques qui peuvent vous être adressées portent sur vos textes. Mais aussi, une ville inondée de corps féminins nus sur des affiches [ ] on a l'impression que notre corps ne nous appartient plus. Et les publicitaires ont de l'humour, mais à notre dépens : dans ma ville, une sucette de pub affiche successivement trois pubs : une pour des sous-vêtements féminins, (nana presque nue), une autre pour les galeries Lafayette où Laetitia Casta s'éclate, et la 3e .....pour mac do, qui proclame "c'est la période des dindes". Ouah l'humour ravageur ! Je ris un peu jaune, j'avoue si vous désirez mieux comprendre nos réactions sans nous caricaturer, je suis à votre disposition.
bonsoir,
quand je parle de psycho, je ne traite personne de folle. Vous savez aujourd'hui
faire "un travail sur soi" n'est heureusement plus interprété
comme une marque de folie. j'ai moi même fait des années
de psycho et je continue quotidiennement à me regarder réagir.
Chez Decaux il ont peut-être pas fait une mayonnaise très réussie
sur le mélange des pubs à ce moment là, à leur
décharge leurs plannings ne sont pas faciles à gérer
et ils ne connaissent pas toujours à l'avance les campagnes de leurs
annonceurs.... j'ai mal réagi parce que je me suis sentie agressée,
mais c'est pas une excuse, je devrais avoir un meilleurs contrôle
de ma sensibilité (c'est probablement
pour ça que les femmes ne réussissent
pas en politique... je sais pas, je me pose la question,
peut être qu'on est trop spontanées....) si je réponds
que "je suis mère de famille et mariée" dans mon premier
mail ( c'est une façon un peu rapide pour moi quand on me traite de
"vieux cochon macho" ça m'amuse, mais ça n'a pas l'air
d'avoir fait rigoler tout le monde....) je suis également sensible
à l'image de la femme entre "putain et mère", mais,
à mon avis , ça c'est des visions masculines dans lesquels ils
aimeraient bien nous enfermer (ils y ont d'ailleurs pas mal réussi
pendant longtemps), pour ma part, j'ai été élevées
par une mère danoise dans les années 60 (et les scandinaves
sont pas les dernières des féministes) et j'ai peut être
naturellement un rapport à la nudité sans tabous....c'est un
long débat que je n'aborderai pas ce soir car il est également
tard, mais qu'on peut creuser si ça en intéresse certaines -
quand à la question de savoir comment faire pour faire de la pub de
lingerie sans montrer de corps, je vous dirais qu'on a le problème
dans les Émirats Arabes...mais ça va encore être mal interprété
! en tout cas merci pour votre action en faveur des femmes afghanes, bravo
j'avais pas dit que les féministes ne font rien) et si vous avez besoin
d'un coup de main...
> Charlotte : moi qui me disais justement ce matin que j'aimais bien ton
coté " on valide une info avant de croire ce qu'on me dit "
que c'était peut être un coté des charlotte
.me
voilà toute déçue ! bon dieu ! faut arrêter de
mettre les gens et les choses dans des boites et de coller des étiquettes
dessus ! l'autre jour, à une soirée la PDG de Radja une société
d'emballage ( 450 personnes et 800 millions de CA) déclarait sur un
podium devant les journalistes avoir passé sa jeunesse sur les barricades
à avoir milité MLF
.ça t'en bouche un coin, hein
! Moi à 18 ans, j'étais Trotskiste et je
montais partout ou je pouvais des " bandes à Bader " Faut
pas croire que tous les patrons sont que des cons irresponsables qui se foutent
des gens, zut à la fin !
> FR : " nos vrais ennemis "
tiens, ça me rappelle
ma jeunesse ! si t'as envie de vivre ta vie avec un mitraillette au poignet,
c'est ton choix et tu en as le droit ! je t'informe seulement que tu tires
dans le vide
y'a personne en face qui veut se battre avec toi. Tiens
j'en finirai là en vous racontant un proverbe Soufie (des musulmans,
comme quoi même eux je les rejette pas, c'est juste ce que certains
être humains, PAR IDEOLOGIE font des femmes qui me gène) : "
A 18 ans je demandais à dieu de m'aider à changer le monde,
mais rien n'a bougé autour de moi A 40 ans, j'ai demandé à
dieu de m'aider à changer ma femme et ma famille, mais rien n'a bougé
autour de moi Aujourd'hui, j'ai 60 ans, et je demande à dieu de m'aider
à me changer
.et le monde est en train de changer autour de moi...il
est bien tard ! " Comprenne qui veut
BON CE COUP-CI LA CONNEXION
MARCHE ON VA POUVOIR ETRE TRANSPARENT C'ETAIT UN PROBLEME DE PSEUDO MAIS JE
VOUS PREVIENS QUE SI JE DOIS ME FAIRE LYNCHER POUR ASSOUVIR QUELQUES RESSENTIS
PERSONELS OU AUTRES FANTASMES DE SE "BOUFFER DU PATRON".JE VAIS
ME DECONNECTER VITE FAIT JE SUPPORTE PAS L'AGRESSIVITE GRATUITE....JE CROIS
AVOIR MONTRE QUE JE REAGISSAIS MAL.... AC
Cloclo Ann charlotte parle de liberté d'expression mais ces affiches nous sont imposées et à travers elles cette image unique et réductrice de la femme, on n'a pas le choix de les voir ou non. Où est ma liberté dans ce cas ?
ssyb Il n'y a pas qu'un problème de pudeur. Toutes ces pubs imposent une image unique du "corporellement correct", ce qui est d'autant plus paradoxal que cette image ne correspond jamais à la réalité : toutes les photos sont retouchées, et il s'agit de photos de filles plus que minoritaires dans la population. Je ne me reconnais pas dans ces photos, je ne ressemble pas et je ne ressemblerai jamais à ça et maintenant je le sais : mon métabolisme ne me le permettra pas, quoi que je puisse faire . Je me rends compte qu'à 34, ça fait presque 20 ans que j'espère qu'un jour je changerai, pour rentrer dans le moule. Ca fait 20 ans que je suis complexée à cause de ce terrorisme publicitaire, ça me met en colère d'y penser. Grr, na !
Anne Zelensky "Mesdames , j'apprends que vous êtes à l'origine des actuels corps sans tête de femmes avec cul offert et slogan "métaphysique" qui ornent les abribus. Il y a bien des juifs d'extrême droite , pourquoi n'y aurait il pas des femmes machos ? Vous avez tellement intériorisé les fantasmes de certains hommes que vous ne vous rendez même pas compte que votre cerveau lobotomisé par l'idéologie marketing-pub a perdu toute autonomie et esprit critique. Je suis sûre que vous allez nous servir le couplet "liberté" d'expression pour justifier le recours à de telles découpes . En fait , votre propos est beaucoup plus cynique : vous cherchez à vendre et vous savez que le cul attire l'il - pas si sûr qu'il fasse vendre. Alors ne vous méprenez pas , votre démarche est la même ,mais inversée, que celle des fanatiques intégristes qui recouvrent les femmes jusqu'à l'il : : vous les dénudez pour mieux les offrir , alors qu'ils les cachent pour mieux les garder. Dans tout ça , où est la réelle liberté du sujet femme ? Et qui vous a dit que la plupart des femmes n'avaient pas honte de se voir ainsi étaler à l'encan sur l'étal de la publicité boucherie ? De quel droit non écrit vous autorisez vous à nous infliger cela ? Avec mes sentiments apitoyés. Anne Zelensky.
SI
SI j'ai déjà décapité un mec, c'était même
la première leçon !et il avait même pas de culotte, lui...J'étais
sûre que l'on pouvait dialoguer sans se jeter quelque agression à
la tête ! ;-)) " j'aimerai avant tout faire une distinction entre
ce qui est du domaine d'une vraie question de fond (avez vous raison de participer
au déballage des corps, féminins comme masculin ?) Et ce qui
est du domaine d'un ressenti personnel, souvent généré
par une émotion (incitation au viol, boucherie et étalage de
viande
.)
Dans le premier cas, c'est un vrai débat, j'ai fait une analyse et
j'ai pris une position, je peux me tromper, je veux bien qu'on en parle ;
dans le deuxième, je ne peux répondre car chacun a ses ressentis,
qui sont propres à son histoire à lui. Quand je retiens une
idée, j'essaie toujours avant de la pousser jusqu'au bout pour savoir
ou elle mène : S'il s'agit de protéger la femme du regard de
l'homme car sinon ça "l'incite au viol "
- il ne faut pas monter de corps dénudé
Donc pas de pub
sur la lingerie ( et pas que celle d'Aubade parce que franchement les regards
aguicheurs de Barbara, les jambes écartées d'Anti flirt, la
femme en lingerie qui pousse sa poussette dans la rue ou qui fait le plein
de sa voiture de Princesse Tam Tam, celle de La Perla
.), donc tout
le monde logé à la même enseigne !
- pas de pub non plus sur les crèmes amincissantes, les produits de
régime etc
- Mais je signale aussi que sur la plage les hommes passent leur temps à
" mater " si on veut être cohérent il faut aussi interdire
le port du maillot de bain sur la plage !
- J'ai même remarqué que dans les rues, dés les beaux
jours les hommes déshabillent les femmes du regard, je préconise
donc qu'on leur arrache les yeux dés qu'on en chope un !
..Ou
va-t-on ?
la solution n'est donc pas, à mon sens et encore une
fois je peux me tromper, dans la protection par l'interdit, je ne préconise
pas non plus les comportements déviants (c'était le seul
sens de " je suis fidèle à mon mari et il l'est à
moi, en d'autres termes, nous ne fréquentons pas les clubs d'échangistes
ça
me semblait important à préciser dés le départ)
je me suis souvent posé la question, si si,
c'est vrai, en me regardant bien profond dans la conscience et en me disant
" ma petite charlotte est-ce que c'est bien ce que tu fais ?
" Si la solution n'est pas dans
les deux extrêmes, elle se situe donc quelque part au
milieu
. Et ça s'appelle l'exercice
de la liberté. C'est un exercice très difficile,
très délicat, et dangereux, déjà à titre
individuel, alors je ne vous dis pas au niveau du groupe. Mais on n'a pas
le choix
On arrive là à la question qui m'a été posée
au niveau du regard des enfants, oui, car c'est là que ça commence,
cet exercice s'apprend dés le plus jeune age. La réponse que
je donne dépend bien sur du propre système éducatif que
j'ai reçu, et d'un constat que les psychanalystes ont fait :
Ce sont les interdits qui génèrent des frustrations,
donc des déséquilibres, donc des comportement déviant.
Les Scandinaves ont répondu depuis longtemps (puisque c'est l'éducation
que j'ai reçue) que l'on apprendrait d'autant mieux à un futur
adulte à s'équilibrer que l'on aurait abordé avec lui
les difficultés auxquelles il serait confronté. Encore une fois,
le corps n'est pas un ennemis mais un allié, la nudité n'est
pas mauvaise en elle-même (c'est l'éducation judéo-chrétienne
qui l'a fait tel, heureusement notre époque est en train de s'en libérer
grâce à l'ouverture et à la compréhension des autres
cultures, notamment orientales). J'ai donc fait le choix de me promener nue
devant mes enfants
.Et il y a de plus en plus de monde qui adhère
à ce point de vue. Je ne sais pas si ça répond aussi
à la question de la participation " au déballage ",
ça pourrait être un très long débat de société
et je pense que je vous ai assez saoulée pour aujourd'hui
. La
pub n'est que le reflet de la société, elle n'en est pas
le moteur. Donc elle reflète actuellement ce processus de libération
des carcans judéo-chrétien, comme toute chose ça
finira par s'équilibrer dès qu'on aura dépassé
ce problème"
bonsoir clo-clo, excuses moi si j'ai choqué ta sensibilité féminine
j'aurai pas du me mettre en colère non plus, désolée
pour le coup c'est moi qui dois réfléchir à comprendre
pourquoi ça me met dans des états émotionnels pareils
quand on me traite "d'incitateur au viol" j'dois être très
sensible à ça y'a que des femmes dans l'agence de pub avec laquelle
je bosse et que des nanas qui travaillent sur cette campagne: on fait trés
très gaffe, car on n'est pas les dernières à pas adhérer
à certain traitement de l'image de la femme ( plutôt une bande
de féministes à notre façon, même si on a une analyse
un peu différente) mais bon, j'ai mal réagit (j'ai sans doute
encore des progrès à faire en yoga) désolée ,
les filles ann charlotte
Lysistrata Charly, tu ne montres pas des corps, tu montres des morceaux de corps, tu tronçonnes allègrement des morceaux de corps féminins uniquement dans un but mercantile. La femme "idéalisée" n'a pas à être un support pour la société fric sans que nous les femmes n'ayons notre mot à dire et CELA tu refuses de l'accepter. Ce n'est pas la mitraillette au poignet que je vis (dans quelle foutue image machiste vas-tu chercher cela ?) et je n'ai pas besoin que l'on accepte de se battre contre moi pour dénoncer les effets de cette société dont les 3 mots d'ordre sont SEXE, ARGENT et POUVOIR. Tu ne peux pas nier qu'il est plus facile d'emboîter le pas en présentant des corps de femme idéalisée tronçonnée, qu'en cherchant une nouvelle et digne façon de vendre ces produits que d'ailleurs toutes non pas les moyens de s'offrir ou de se faire offrir. Les dégâts que fait ce genre de pub dans la population jeune sont plus qu'évidents et tes arguments ne pèsent pas bien lourd en face de cela. Si tu préfères m'opposer ton droit à la liberté d'être futile, sois le pour toi-même mais n'essaie pas d'en faire un credo pour toutes les femmes. Je n'ai malheureusement pas les moyens financiers de rester des heures en ligne mais lis donc les quelques fils comme banalités des violences au quotidien ou pub sexistes ou les fils sur le viol et nous en reparlerons. Seules les imbéciles ne changent pas d'avis.
Jacques Mecs ou nanas, je persiste à dire que les corps humains sans tête, donc transformés en choses, me dérangent. Plus généralement, la pub et son omniprésence me gâchent la vie et le paysage, et j'essaie d'y échapper tant que je peux. Pas facile.
Charlotte J'ai déjà déploré la politisation du féminisme mais jamais sur le forum. Cela engagerait un débat duquel, étant en minorité, je me ferais jeter et je n'ai pas du tout envie de me faire jeter pour de mauvaises raisons. J'ajoute, Charly, que le trotskisme n'est pas vraiment la référence absolue à me présenter. Bon, ben voilà, je voulais pas le dire, je l'ai dit. Mes amis, dites-moi que vous m'aimez quand même :-(
FR Charly, tes réponses , comme disait je ne sais plus qui, c'est vraiment le roquefort qui dit au camembert "tu pues".
Charlotte Enfin bon, je ne suis pas publicitaire - c'est plus qu'un métier, c'est une idéologie - mais je pense que que tu te trompes en imaginant que des taches de couleur avec des lettres dessus auraient le même effet qu'une bonne campagne qui réveille les (in)consciences. Ce n'est pas à la pub de faire évoluer les mentalités. Ca n'est pas son boulot. Son boulot, c'est de faire gagner des parts de marché (du blé, on va dire pour simplifier) à ses clients, ce qui reste tout de même la fonction majeure d'une entreprise, quelle qu'elle soit. Je peux te prédire que la boîte qui fera une campagne pour un parfum ou des culottes avec une 4x3 kaléidoscope et "ça sent bon" ou "c'est joli" se dirige direct vers la faillite.
fran.M Benetton choquait et ce n'était pas sexiste. Alors, je crois simplement que les publicitaires manquent d'imagination, ou sont trop payés pour se bouger les neurones (comme les joueurs du PSG les jambes). Oui aux pubs originales, sans culs, imaginer de vendre des soutifs sans corps de femme ? mais quel défi ! qui le relèvera ?
seuls
les imbéciles ne changent pas d'avis....c'est bien vrai et j'ai dit
que l'on pouvait essayer de me convaincre....mais pas avec de tels arguments
,désolés là, vous êtes tous dans le ressenti perso,
c'est votre droit, c'est bien et heureusement qu'on n'est pas tous des moutons
!
- "le boycott des produits Aubade"...ça fait longtemps que
j'ai vu des personnes passer devant un stand et dire "non pas chez eux":
qu'est-ce que tu crois que ça me fait ?...je cherche pas à enfermer
tout le monde dans la même boite, et j'admets parfaitement qu'on ne
puisse pas être d'accord.
- "Trotskiste", mais bon sens, comprends que des fois j'emploie
des termes "raccourcis" au lieu de quinze lignes.Ca va comme ça
les romans, non ?
- quand au débat avec ou sans tête...et la décapitation
des mecs, si vous restez au niveau du premier degrés, on va pas y arriver
(à quoi d'ailleurs ?)
- quant "au Roquefort et au Camembert", j'aime tous les fromages.
Qui a dit "tu pues", si ce n'est quelqu'un sur ce site aux pub Aubade,
et aux pubs en général
- pour se protéger de la société
du pouvoir, de l'argent et du sexe, des pubs qui agressent et polluent le
paysage et le mental ....je connais qu'une solution: la grotte dans les Himalaya
ou la grange au fond du Larzac. A chaque instant chacun est libre de faire
ce choix là. PERSONNE NE LE RETIENDRA. C'est chaud, dites
donc chez vous, j'aurai du apporter mon maillot de bain...qui a dit "viens
discuter y'aura pas de curie"
Jacques [ ] Tu en parles très bien sans qu'il soit besoin de les étaler sur le mobilier urbain tous les 20 mètres. Tes propos ne tuent pas l'imagination, au contraire. [ ] Mais en m'arrangeant par avance pour connaître les souhaits de la récipiendaire. Le parfum qui lui plaît, par exemple, pas celui pour le nom duquel une affiche m'aurait fait bander. L'affiche en question est donc nulle et non avenue en ce qui concerne mes achats dans ce domaine, et ceux des autres types qui fonctionnent comme moi (j'espère qu'il y en a un certain nombre). À moins de supposer que de nombreuses femmes choisissent de se faire offrir la marque en question parce qu'elles ont envie de s'indentifier à un objet sexuel passif. Mais j'ai déjà dit cela sur un autre fil consacré à la publicité. Pour Fran, effectivement parler d'une marque, sauf s'il s'agit de recommander le boycott de ses produits (ce qui est illégal en France), mais y compris en gueulant qu'on est scandalisé(e) par sa pub, la fait connaître, et c'est le but recherché. C'est notamment pourquoi je ne cite JAMAIS une marque dans mes interventions. Les publicitaires sont habiles et sans scrupules et savent très bien jouer de cet effet. Mais il arrive aussi qu'ils se plantent.
Sporenda Dans la pub, il y a un truc aveuglant et pénible: on veut vendre des trucs à des mecs, on montre des femmes. On veut vendre des trucs à des femmes, on montre des femmes. Et bien sûr, si Aubade montre des beaux corps de femme (sans tête!), c'est pour jouer sur l'identification; mais le problème c'est que personne ne peut s'identifier à des filles aussi parfaites; en fait c'est plutôt humiliant qu'on arrête pas de vous rappeler cet idéal inaccessible. Et la plupart du temps, ce sont quand même les femmes qui achètent leurs sous-vêtements. Lorsqu'un mec m'a acheté de la lingerie, c'était pour se faire plaisir à lui, pas à moi, et c'était du genre truc pour pute de luxe ou string qui vous scie les fesses. Rien qui ne soit plus ou moins un instrument de torture et que je puisse porter au travail de toute façon... En tant que femme, les pubs ne sont jamais faites pour moi. Elle ne prennent pas en considération ce que je suis réellement, le fait que j'ai une libido et pas seulement un narcissisme, et elles me jettent constamment à la figure le fait que je suis pas Adriana. Alors si la pub de ces produits me nie, moi je ne les achète pas. La pub de la lingerie A n'est pas la pire, mais elle ne s'intéresse pas à moi, alors je ne m'intéresse pas à la lingerie A. Gap est plus dans mon style et dans mes prix, et de toute façon sa pub n'est pas sexiste...
Elis Indépendamment de nos différents, c'est quand même bien de pouvoir en discuter tous ensemble, et d'avoir pour une fois la promotrice d'une campagne qui nous répond. A n'est pas la pire mais elle s'engouffre dans le même créneau que toutes les autres, de celles qu'on dénonce à longueur de forum. Comme les autres, impitoyablement, elle enfonce et martèle dans nos cerveaux toujours le même message subliminal, comme un leitmotiv auquel nul ne peut échapper : la femme, sa raison d'être c'est d'être déshabillée, consommée comme un vulgaire produit de supermarché, et sa nudité pour cela doit être systématiquement érotisée. On est loin des idéaux naturistes où l'on veut au contraire retrouver l'innocence et la pureté, et la liberté du corps masculin et féminin. Ici, comme dans toutes les pubs qui sont répétées partout, sur tous les supports, en grand, en moyen et en petit format, on a l'inverse : la femme est perverse, séductrice et nymphomane, et son corps est offert à la concupiscence de tous. Et cette idéologie nous ramène curieusement au fonctionnement de la religion, qui voit le mal partout et a toujours considéré la femme et sa sexualité comme un danger. La liberté publicitaire est un leurre, c'est sûr, mais parfois on est agréablement surpris de voir la publicité nous proposer des images inattendues, poétiques ou tendres, polémiques ou mystérieuses. Bien sûr qu'il y a moyen de dépasser cet insupportable premier degré qui nous ramène toujours aux mêmes évidences ! Pour moi, un vrai directeur artistique, et a fortiori encore plus si c'est une directrice, doit absolument se désolidariser du troupeau et proposer un positionnement original, créatif. Ce n'est pas toujours aisé, vu les sommes en jeu, mais on a tout à gagner de vouloir enfin élever le débat, et le féminisme pour moi ne devrait pas être piétiné dès qu'il est question de gros sous. C'est un enjeu tellement important pour notre société française, bien connue pour son machisme, que je ne comprends pas qu'il soit si mal compris.
Lysistrata "solution: la grotte dans les Himalayas ou la grange au fond du Larzac. Chacun est libre de faire ce choix, personne ne le retiendra." Merci Charly mais j'ai déjà donné ! Un jour il faut redescendre de sa grotte mais cela tu ne peux pas le savoir. Comme je me rends compte, en lisant certaines ici, que tu l'emportes haut la main car les louvettes crient avec toi, je n'ajouterais que ceci : Souviens-toi Charly de tes rêves d'enfant, avant que la société ne t'ait marqué de son fer, était-ce de vendre un rêve inaccessible recouvert de dentelles? Je ne te demande pas de me répondre, c'est juste une question que je te lance pour que tu t'y répondes à toi. Et le jour où tu feras, bien vieille je te le souhaite, le bilan de ta vie, quel sera-t-il ? Bonne route à toi et fin du débat pour moi.
Jacques La grotte dans l'Himalaya manque à mon expérience. Mais je connais quelques uns des multiples bouts du monde. Dont certains auxquels il est très rare d'avoir accès. Et c'est vrai que ça fait du bien de s'y réfugier. Comme dit Lysistrata, il faut en revenir. Mais d'y être allé aide à faire ensuite le tri dans ce qu'on accepte ou non de subir.
Mathieu [ ] finissent par devenir objectivement sexistes. 1) une image très sensuelle, avec un corps en gros plan (oui c'est beau, c'est pas la question), 2) un message écrit qui part du point de vue masculin, 3) un environnement qui connote la pub. parce que oui, c'est ça aussi qui compte je crois, c'est qu'on n'est pas vierge de publicité mas ce monde, déjà en son temps Goffman rapportait qu'un adulte en avait vu 400'000 dans sa vie, et le nombre a du augmenter depuis. ce qui me pose problème dans la pub actuelle c'est que tout va dans le même sens, et que ce sens est aussi le même qu'en dehors de la pub (clips, couvs de magazines, etc.). d'où un formidable effet de construction et propagation d'une norme : belle femme = ines sastre ou rien. de cette norme, une boite de lingerie n'est pas responsable en soi. certes. n'empêche, quand on fait une pub comme celle d'A, depuis un paquet d'années je crois, une douzaine je dirais, ben on a dans un coin de notre tente plein d'autres pubs et visuels qui connotent notre lecture, notre interprétation. C'est ça un système, c'est en ça que la pub est un continuum du moins sexiste au plus sexiste, et que certaines pubs deviennent sexistes par l'environnement auquel on ne peut éviter de les confronter. alors, faire un procès à A non, et vous prêter des intentions sexistes non plus, mais pour moi c'est clair aussi que vos pubs prennent place dans un ensemble et à ce titre véhiculent le sexisme. au mieux je dirais que vous etes "porteur sain" du sexisme, mais même sans y adhérer vos pubs contribuent à le véhiculer. ce qui me pose problème c'est plus l'ensemble (le système) que les parties, mais sans chaque partie il n'y aurait pas cet ensemble. aussi je dois aussi admettre que la plupart du temps ce sont des pubs que je pourrais admettre dans un monde idéal, dans lequel elles seraient isolées et donc connotées différemment. c'est pas un appel à tout censurer de a à z ici et maintenant. je voulais juste rappeler que le sexisme est un système qui utilise tout le monde, à titre actif mais aussi à titre passif (ce qui marche aussi bien sinon mieux).
mede A propos de la pub Aubade, je ne crois pas qu'on veuille qu'elle soit censurée, mais plutôt qu'elle cesse d'être imposée au regard de tous. Nous ne voulons pas supprimer tout ce qui nous déplait. Sinon, en suivant cette logique, les Chiennes de garde auraient fait interdire Montherlant, Freud, Sade etc. Pourquoi ne le font-elles pas? Parce que lire Freud est un choix personnel, un acte personnel. On ne lis pas ces livres avec un mégaphone au milieu du métro. On peut échapper à la lecture de ces ouvrages machistes. Par contre, une publicité ne nous échappe pas, à supposer qu'on ne regarde pas la télévision, qu'on n'écoute pas la radio, nous nous promenons toujours quelque part, ne serait-ce que pour se rendre à la bibliothèque. Et durant ce laps de temps, on n'échappe jamais à la vue d'une affiche sexiste, à moins de baisser constamment la tête (méthode par laquelle on peut être bousculée par un beau garçon, chose qui n'est pas déplaisante). La publicité Aubade n'est pas la seule publicité sexiste, évidement. Je trouve tout de même révoltant, moi, qui ait constamment un livre sous le bras de voir des message qui m'expliquent que ce n'est pas mon soutien-gorge, mais mon Gide, mon Yourcenar ou mon Sartre que je devrais brûler. Evidemment, ces publicités m'expliquent que "séduis ma petite" et non "l'existence précède l'essence" doit être mon Leitmotiv, parce que je suis femme. Par ailleurs, si j'utilisais la même grossièreté que vous, j'aurais peine à la justifier, même par ma jeunesse. Pour paraphraser Nietzsche: la publicité sexiste est quelque chose qu'il faut surmonter. :) LOL
Mathieu oui Médée, ça il me semble que c'est un truc qu'ACP n'intègre pas dans son raisonnement. on ne vous parle pas du nu en soit. c'est pas une question de puritanisme. On vous parle de publicités. plusieurs personnes l'ont rappelé, la pub on n'y échappe pas, c'est impossible. donc ça nous est imposé. la question de la liberté devient du coup différente de celle que vous exposez. également, et ça j'y tiens beaucoup, la pub c'est fait pour vendre. je sais, voilà un beau truisme, mais de truisme en truisme on arrive à des trucs qu'on ne s'était pas formalisé: qui dit vendre dit que quelqu'un achète. et entre les deux PERSONNES, un PRODUIT, une CHOSE. autant la nudité volontaire de certaines féministes était une libération et leur affirmation comme sujet, autant dans une pub (dans le cas aubade c'est discutable, mais là je parle en général) l'association, d'un corps à un produit le connote femme-objet, et donc correspond à un message d'appropriation du corps féminin par autrui, ce qui est exactement l'inverse des féministes dont il est question plus haut. la pub est celle pour un produit, le produit on l'achète, si le produit est associé à une femme-objet ça veut dire implicitement qu'on a sur les femmes les mêmes droits que sur une chose. Après, on peut discuter des cas où cette interprétation s'applique et ne s'applique pas, ok n'empêche, on ne PEUT PAS parler du nu dans la pub comme de n'importe quel nu. "the médium is the message", une même image hors d'une pub et dans une pub n'est plus la même image, n'a pas la même portée ni la même signification. je me suis écarté du cas aubade, mais ta réponse ACP sur la nudité m'a rappelé des propos maintes fois entendus et que je crois faux.
Françoise Toutefois je rebondis sur le " ressenti perso évoqué par Charly ". Florence Montreynaud s'est exprimée sur la campagne Aubade : "presque toutes les féministes que je connais sont choquées : pas moi, car je dois bien constater que cette campagne me plaît, malgré mes critères de jugement objectifs ! Je trouve cette série spirituelle, avec des consignes de séduction qui me font penser à l'érotisme et au libertinage du XVIII ème siècle". Florence pourtant s'est indignée de la mise en vitrine de mannequins présentant de la lingerie, qui m'est apparue à moi ni plus ni moins comme une variante d'un défilé de lingerie pas réservé, pour une fois, aux professionnels. (On en a déjà parlé ici il y a quelques mois, je sais que beaucoup ici ont réagi comme Florence.) On n'était pas obligé d'aller voir les vitrines(dans lesquelles les mannequins n'affichaient pas des poses ridicules) et encore moins d'y emmener ses enfants, tandis que les affiches publicitaires, elles , sont partout. Sinon, Charly, je trouve sympa de venir ici discuter avec nous. Et je voudrais savoir, puisque tu te dis, ainsi que tes collaboratrices, féministe , quelles sont les pubs qui te choquent, toi ? Et puis relever aussi une contradiction dans tes propos : la campagne plaît à tous, hommes et femmes, dis-tu et pourtant tu sembles savoir que certaines ont décidé de boycotter ?
Sachez d'abord que je suis heureuse de ce débat . Quand il n'y a pas de débat de société, il n'y a pas de démocratie ! Et franchement, depuis les années 80, je commençais à m'inquiéter !!!! On ne parlait que d'économie, de bourse il était ou l'humain dans tout cela ? on parlait bien un peu de social, mais ce n'est encore que " l'humain comme un boulon dans une mécanique " ! Non, l' humain, ses valeurs, ses aspirations, son évolution .j'en voyais pas ! J'ai souvent pensé " ça doit être triste d'être jeune en ce moment " je crois que c'est une période de la vie ou il " faut avoir envie de tout casser " ! C'est très difficile de parler ici, chaque fois que je pose une virgule ¾ à droite ou 2/3 à gauche, elle est mal interprétée .je vais essayer de prendre le temps d'être moins spontanée, pour éviter de tomber dans l'émotivité (parce que je frôle le 0 sur 20 actuellement) J'attendrai peut être aussi la fin du même débat qui a lieu sur France culture tous les matins (vendredi, c'est la synthèse), avant de vous répondre pour l'instant, je vous écoute, je réfléchis . comprenez aussi que je suis seule face à vous tous....que je ne peux pas non plus y passer mes nuits et mes jours, faudra que je fasse synthétique ! Tiens, la pub de HOM, a l'air de susciter le même phénomène chez les hommes que la nôtre chez les femmes je m'étonne quand même, notre pub a 10 ans, et ce n'est que depuis l'année dernière que ça réagit . Enfin, dans ce sens là .serait-on en train de se réveiller de quelque chose ? ça a l'air de déranger autant les hommes que l'on parle de leur sexe, que les femmes, que l'on parle de leurs fesses est-ce que ça bousculerait quelque chose dans le subconscient ? MAIS LA QUESTION QUE JE ME POSE C'EST DE SAVOIR SI C'EST BIEN OU SI C'EST MAL En travail de psychologie sur l'être humain, on sait que l'on passe toujours par une période de crise, de tentions, avant de " grandir " pour reprendre une image : je ne suis pas sure que quand les crustacés changent de carapace (excusez moi du parallèle, je n'ai pas dit que l'être humain est un homard !), le serpent de peau, ou la chenille entre dans son cocon pour devenir papillon .cela se fasse sans douleur . Pour ma part, je crois que la société est en train de vivre une telle évolution .dans le sens de quelque chose de PLUS GRAND, de meilleurs, de plus équilibré Que l'on va vers plus de CONSCIENCE HUMAINE. Et que c'est bien ! Moutons : ce ne sont pas les gens qui sont des moutons face à la pub, mais les publicitaires qui sont des moutons face aux gens .les publicitaires ne font que ce que les gens demandent. si " ça marche ", il faut se demander pourquoi.... Himalaya : y'avait pas de " juge mental " dans cela, j'ai quelques copains qui ont fait ce choix là, et je vais vous avouer un truc, je crois qu'ils vivent mieux que moi !!!! MAIS FIN DU DEBAT PERSONNEL, ce n'est pas le sujet. Une petite info à chaud, juste pour que vous sachiez que je ne fait pas que me "prendre la tête avec de la philo"...chez Aubade on a des tonnes de débats passionnés (c'est culturel) et on essaie toujours à un moment "d'objectivité" avec un ou deux chiffres. L'intérêt n'est pas le goût de la stat, ni le désir de "tronçonner les gens et les choses en rondelles de saucisson" (j'ai toujours eu horreur de ça) je reçois à l'instant une étude du magasine Marie Claire sur les scores d'agrément de notre campagne ( celle de 2000) :86 % de mémorisation, c'est du jamais vu ! - celles à qui ça a plu: 22% des lectrices. "Les lectrices soulignent le caractère esthétique de cette pub, non seulement sobre et simple mais également très sensuelle suggestive et espiègle de plus elles sont séduite par cette femme superbe dont le corps met bien en valeur l'ensemble de lingerie "on peut s'imaginer à la place du mannequin" "cela donne envie de s'occuper de soi" enfin ce visuel coquin véhicule une part de rêve et valorise l'image de la femme - celles à qui ça a déplu : 5% des lectrices certaines considèrent ce visuel aguicheur et macho d'autres ont été gênées par la cambrure forcée du mannequin.
CloClo petite question à Charly, 22+5 = 27 et les autres sondées ? excuse-moi mais Marie-Claire ne fait pas partie de mes lectures et pour cause. Encore heureux que ta campagne plaise à certaines sinon je pense que tu te serais remise en cause depuis longtemps ! Moi entre-temps j'ai "sondé" autour de moi et bien surprise, personne n'aime cette campagne. Il faut dire que je fréquente des gens "ordinaires" qui ne s'identifie pas du tout à la top model de l'affiche.
Elis MAIS LA QUESTION QUE JE ME POSE C'EST DE SAVOIR SI C'EST BIEN OU SI C'EST MAL , dis-tu Charly. Je crois que le débat ne se résume pas à ça, et qu'il n'est pas si simple. Tu dis avoir l'impression que les choses stagnent depuis 20 ans, et que personne depuis 10 ans n'a jamais bronché à la pub Aubade. Je crois surtout qu'on a tous sous-estimé la puissance de l'image publicitaire et des médias, et que le réveil est douloureux, puisqu'on réalise que l'être humain et ses aspirations fondamentales (le droit de choisir ce que l'on veut regarder dans la rue en fait partie me semble-t-il) sont complètement bafoués dans la publicité, et que peu à peu son idéologie a gagné nos esprits, pourrissant complètement du même coup l'imaginaire des enfants et des adolescents, par leur obsession de la consommation et du battage médiatique, en entamant du même coup de manière inquiétante leur esprit critique. Ce qui est alarmant, c'est qu'elles sont tellement présentes partout, ces images inaccessibles, idéalisées ou abjectes, qu'on finit par devoir se défendre de ne pas vouloir y adhérer. Elles sont comme une norme implacable : le corps parfait, la jeunesse éclatante, les vêtements de marques, cette obligation à consommer, à occuper sans cesse le devant de la scène, à nous dévorer tout l'imaginaire. Pour moi le capitalisme c'est un fascisme de la pensée, c'est une illusion de liberté, puisqu'en fait il ne s'agit que de simuler encore et toujours un bonheur, un orgasme, une sensualité, une plénitude qui devraient être complètement indépendants du monde de la publicité . Ce que je trouve insupportable, c'est cette accumulation de clichés sur les femmes , sur ce qu'elles sont sensées devoir être (ou plutôt paraître) et ce conditionnement misogyne qu'elles rencontrent tout au long de leur formation, régie encore par le mode masculin : aucune possibilité d'identification à des modèles positifs : grandes "femmes" de l'histoire, philosophes, artistes, écrivaines, et jamais aucun éclairage sur le pourquoi de cette absence dans les manuels scolaires actuels. Et c'est dans cette brèche-là que ce sont engouffrées sans vergogne la publicité et les médias, prétextant soi-disant la libération des esprits... Peut-être que je suis pessimiste, mais j'enseigne à des adolescents les arts appliqués, et je suis sidérée de voir combien les filles sont bien plus que les garçons fascinées et comme tétanisées par l'image publicitaire. Dans le cadre d'un sujet sur le détournement libre d'images de leurs choix, la plupart n'ont su que répéter le discours de la pub, sans aucune distance ni humour, parfois même incapable de déceler qu'un mannequin est une femme idéalisée et non une femme réelle. Il y a là une manipulation des médias qui m'a vraiment sidérée. N'est-ce pas là une preuve de plus qu'il faut arrêter de laisser croire qu'elles sont inoffensives ?
el topo la mutation que nous sommes en train de vivre, et où les femmes jouent le rôle d'éclaireuses, n'est elle pas le changement de statut du corps? on met aujourd'hui à l'exhiber (ne pas oublier que pornos en grec signifie "exposer, montrer") autant de rage que l'on mettait il y a peu, et que l'on met encore ailleurs, à le cacher, l'ignorer, le dissimuler. le corps, comme tout le reste par ces temps de globalisation des marchés et de privatisation du vivant, devient marchandise, produit, et espace publicitaire. et le soin qu'on apporte à le rendre "présentable" devient marché juteux. le corps des hommes est peu à peu traité comme celui des femmes l'a toujours été. le corps passe sous le contrôle du regard. surveillance constante, jugement permanent. on pouvait se planquer, prisonnière textile, derrière une crinoline ou un corset. on n'échappe pas aux normes féroces imposées à l'épiderme nu sous quelques millimètres de dentelle...
elis Je suis tout à fait d'accord pour le parallèle, El topo, il y a dans l'affichage et le modèle esthétisant de ces corps dans la publicité le même désir de normalisation qu'il y avait au XIXème siècle dans l'usage du corset et des crinolines. Ceux-ci avaient également pour fonction de brider et modifier l'évolution naturelle du corps féminin, contraint par les médecins et la société de à être compressé dans un attirail de torture en empêchant ainsi la cage thoracique de se développer normalement. D'ailleurs plusieurs études ont montré la peur du corps féminin que dénonçait le système de la crinoline et du corset autour du corps des femmes , sorte de prison dorée invalidante puisqu'elle empêchait tout véritable contact avec une vie normale. Il s'agissait là, comme aujourd'hui d'une autre manière, de rendre obsessionnel chez la femme et donc chez sa fille un paraître absolument artificiel, comme si le corps féminin au naturel était inacceptable. Que de temps perdu par certaines à s'obstiner à vouloir correspondre aux canons de beauté ! Pendant ce temps là au moins elles sont inoffensives pour la société.
fran.M Exact. Entendu pendant la rédaction de ma thèse (= 1 an à être assise devant son ordinateur = fesses aplaties = plus de cellulite = pas de gym etc.) : "tu étais plus sexy avant de faire ta thèse". Texto. Je me souviens d'une étude anglo-saxonne (désolée, j'ai pas les références) montrant que les hommes qui lisaient les revues dites de charmes et/ou pornos étaient plus critiques envers l'image du corps de leurs partenaires féminines.
Bonjour, Et bonjour en particulier à clo clo car je me demandais ou tu étais passée . je me posais la même question ce matin sur les 59% qui approuvent mais n'ont pas d'opinion particulière soit c'est inquiétant .soit c'est bien car ça veut dire que le débat n'est pas si important que cela, c'est à dire que les gens ont d'autres préoccupations que de réfléchir à ce genre de chose ! parce ce que, en tout cas, je ne me prends pas pour le " nombril " du monde avec cette pub, faut rester plutôt humble . Je ne suis pas forcément pour, non plus, la politique de l'audimat et je ne suis pas sure que gérer les choses à partir des sondages " tire vers le haut ". La seule chose que je constate c'est qu'en 1993 la même étude montrait 75% d'approbation, donc que ça monte j'espère qu'il n'y a pas de conseiller en communication d'homme politique sur cette ligne, parce qu'au train ou vont les choses, avec de tels chiffres, ils vont nous faire leurs prochains débats télévisés en maillot de bain ! Elis, je n'ai pas dit, loin de là que la pub et les médias sont inoffensifs. Crois-moi, pour fréquenter pas mal les journalistes (y'en n'a pas non plus sur ce fil, j'espère, parce que je vais finir pas aligner tout le monde) bref, j'ai arrêté de lire les infos depuis que je vois l'autre côté de la barrière ( ça va ? c'est dit assez gentiment ? mais bon, faut pas caricaturer non plus, y'en a qui font bien leur boulot sinon Daniéla Lumbroso va encore dire que personne n'aime les journalistes) je ne sais pas ce qui est le plus dangereux. les questions que tu poses dépassent de loin le simple débat ici, et un volume de 500 pages n'y suffirait pas. Pour les jeunes : j'en reviens à ce que je disais plus haut : " Et ça s'appelle l'exercice de la liberté C'est un exercice très difficile, très délicat, et dangereux, déjà à titre individuel, alors je ne vous dis pas au niveau du groupe Mais on n'a pas le choix " Et peut être qu'on avait oublié autre chose : c'est le rôle de l'éducation, d'abord des parents, puis de l'école, parce que je crois que tout le monde avait un peu démissionné et que justement laissant le terrain libre on a laissé les média faire. Le travail que tu fais est fondamental et il ne faut pas se décourager il faut apprendre aux jeunes à réfléchir .mais ça nous éloigne du sujet ! Oui oui, Mathieu, j'ai dit que je répondrai mais je n'ai pas réponse à tout : je ne sais pas s'il faut envisager la pub différemment encore une fois certaines études montrent que les gens considèrent ça comme un spectacle, rien de plus. Pas mal de choses commencent à dériver à partir du moment ou l'on se prend pour plus important que ce que l'on est !!!! (et c'est exactement le problème des médias en général, ils ont tendance à se croire tout puissants .à mon sens ils ont oublié ce que c'était que le libre arbitre) El topo comme tu y vas !, y'a aucun jugement de valeur dans ce que tu dis !!!! Tout à fait OK sur l'intro, je réfléchis à la même chose . mais je ne cherche pas à juger. En fait mon job consiste seulement à écouter le plus possible et finir par faire des arbitrages, avec tout ce que ça a d'arbitraire justement. Le changement du statut du corps, oui, il y a d'autres signes que la pub, comme les tatouages et les piercings, et oui, ce sont les femmes et les jeunes qui en sont les instigatrices. Chez Aubade, y'a pas mal de jeunes (20-30 ans), l'autre jour je discutais avec une qui arbore un tatouage énorme dans le dos .et bien, " c'est pas piqué des vers " et, crois moi ça n'a rien à voir avec être " un objet sexuel passif ", pour reprendre une expression que j'ai lue ici. Ah, j'avais envie de vous mettre en copie un échange que j'ai eu avec notre agent en Allemagne, juste pour montrer que l'on se pose des questions avant de " servir des choses aux gens " même que ça nous arrive aussi de changer d'avis .on use beaucoup de salive à débattre, et quand on n'est pas d'accord, on règle ça " à coup de poisson pourri sur la tête de son voisin " on n'est pas des Gaulois pour rien !!!! "salut Sab, les allemands n'ont aucun humour personne n'aime la magie noire EN VRAI mais il s'agit d'un jeu enfin .....si personne ne sait dépasser le premier degrés, on change le titre du catalogue, j'en ferai pas une jaunisse (ça aussi, c'est interdit la jaunisse... personne n'aime non plus !) allez, j'arrête de te taquiner grosse bise ac" SYNTHHESE (ET J'EN AI FINI) 1) j'en reviens à ma première réponse à clo clo: y'avait vraiment pas de quoi se mettre dans un état pareil: quand tu réagis en - comme en +, tu me donnes raison, j'ai provoqué quelque chose en toi. ta seule arme c'est l'indifférence, ou le mépris, comme tu préfèreras , mais ne demandes pas autour qui aime cette pub, tu me fais de la pub. 2) vous avez bien raison de parler plus de religion et de spiritualité que de pub, parce plus on en parle....c'est une loi mathématique que quelqu'un a bien comprise ici. Dans le Challenge de ce mois on parle de ce sujet ils explique que B. n'a arrêté ses conneries que quand un grand magasin Américain a annulé toutes ses commandes ....jusque là plus ça réagissait, mieux il se portait. Donc, il faut arrêter d'agiter les médias avec ça, comme il faut arrêter ce stupide débat sur Loft Stories, ça fait grimper l'audimat. 3) les gens, il faut les prendre comme ils sont (je suis qui pour juger ?) et les amener doucement, progressivement 1 peu plus haut (même si certaines vont considérer que les fesses c'est pas plus haut): c'est comme la plongée sous marine, si on brûle les paliers, on explose le cerveau 4) en parlant de cerveau...je me demande ce qu'il vaut mieux se masturber, le chakras du haut ou le chakras du bas (non, je ne l'ai pas faite celle là...j'ai honte !), c'était juste pour rebondir sur une réflexion lue de F monteynaud sur la pub de la femme à la peau blanche 5) bien sur, Mathieu, c'est une histoire de contexte...je ne me sens pas visée personnellement, je ne suis pas copine avec T Ford, Donatella V ou Mr Ung. pour savoir ce qu'ils vont faire...mais je connais bien les publicitaires, y'a pas plus girouette, dans six mois, c'est déjà fini 6) oui, F M ma conscience va très bien, parce que j'aime les gens comme ils sont, je préfère me masturber le chakras du coeur et je n'ai abandonné aucun de mes rêves de jeunesse....
Jacques Pub juste vue pour un parfum pour homme. Torse d'Apollon sans tête, bras légèrement écartés, sans les mains. Pas bodybuildé, mais musclé juste ce qu'il faut, glabre et bronzé. Ça me fout d'HORRIBLES complexes. Je suis un "papy" de 58 ans, avec des bras cylindriques comme des rondins où il faut une loupe pour distinguer le renflement des biscoteaux. J'ai le torse et le ventre velus, avec au sternum un creux qui témoigne d'ancien rachitisme infantile. Pas moyen de m'identifier, d'autant que j'ai une tête et des mains. Ouiiinnnn!!! De toute façon je n'achète pas de parfum pour homme. Ouf!
Cloclo
je n'arrive vraiment pas à me faire une opinion sur toi charly, est-ce
que tu es parfois sincère ?
Qu'est-ce que tu prônes ?, la passivité, moi je ne suis pas d'accord,
l'environnement dans lequel je vis, c'est autant le mien que celui de chacun
de nous et à ce titre, je ne vois pas pourquoi j'y subirais tout et
n'importe quoi ! Non, je n'ai pas envie d'aller m'exiler
ailleurs, j'ai juste envie d'être bien dans ma ville. Ma
phrase favorite est de Lao Tseu : "il vaut mieux allumer une toute petite
lampe que de se plaindre de l'obscurité" Je crois que chacun peut
être actif à son échelle et que nous sommes des personnes
et pas des moutons, même si ça arrange certains de le croire...
FR Je suis allée voir le site d'A... J'avais bien remarqué 2 ou 3 exemplaires de ces pubs sur des abribus. Mais là; devant tout cet étalage de petites vignettes de culs, seins et autres reins cambrés comme c'est pas permis (vite une rééducation s'impose !), je la trouve carrément immonde et vulgaire cette campagne. Elle est belle la leçon N° 28 ? C'est pas du sexisme ça ? Moi j'ai jamais séduit comme ça ma parole, je suis pas une femme pas une Mata-Hari à (faux) gros nichons. Quant au mec "grand beau intelligent" qui veut un A... (???) déjà pourquoi prétendez-vous à ma place qu'il est beau, moi je trouve pas, il ne me plaît pas ce type beuuuuurkkkkkk, vous n'allez pas commencer à m'imposer vos normes esthétiques en matière de mec. Et puis intelligent ? Avoir envie de porter un A...... c'est une preuve d'intelligence ??
sylvi CHALLENGE de cette semaine : "Les leçons de séduction donnent corps à Aubade Depuis le lancement de la campagne, il y a dix ans, le chiffre d'affaires du fabricant de lingerie a été multiplié par trois. Une marque est née. C'est un cas d'école. L'exception, ou presque, qui confirme la règle. Oui, la pub peut créer une marque. Oui, elle peut assurer le succès d'une entreprise. Depuis dix ans, Aubade décline ses " leçons " de séduction sur papier glacé. Qui n'a jamais arrêté son regard sur une affiche de cette marque de lingerie féminine ? Femmes et hommes sont happés... par le fond (du message) ou... par les formes (du mannequin). Pendant ce temps, Aubade a multiplié par trois son chiffre d'affaires. Et s'est rendu célèbre même auprès de ceux qui n'achèteront jamais de soutiens-gorge pigeonnants et de petites culottes en dentelle. Une notoriété extraordinaire pour cette PME familiale qui investit 10 millions de francs seulement par an en publicité ! " Nous avons toujours joué sur le rapport complice homme femme ", indique Ann charlotte Pasquier, présidente d'Aubade. A la fin des années 80, pourtant, l'entreprise cherche un nouveau souffle publicitaire. Le slogan " Aubade pour les hommes " a vécu. L'image de la femme dominée - un homme en costume la main sur son épaule -, puis maternelle - un homme la tête sur ses genoux - aussi. La nomination d'Ann-Charlotte Pasquier aux commandes de l'entreprise, en 1988, précipite les choses. Après avoir changé deux fois d'agence, Aubade confie le chantier à Eric Flimont, un ancien de RSCG. " Pendant six mois, nous avons travaillé sur les valeurs de la marque ", dit-il. Le mot Aubade évoque " l'amour courtois ", exaltation subtile des relations amoureuses. La campagne utilise ce concept en valorisant le rapport entre hommes et femmes. " L'idée est de séduire les unes par le regard des autres ", commente Laure Doussaud, directrice artistique de l'agence de communication Carlin, chargée de la campagne depuis six ans. La charte graphique est toujours la même : un corps sublime, un visage invisible, " pour faciliter l'identification ", des photos noir et blanc qui font ressortir le grain de la peau, une accroche courte, un brin coquine, dans un rectangle blanc. Le tout exposé dans les journaux et sur les affiches des Abribus. " Nous nous étions fixé de tenir cette campagne au moins trois ans, se souvient Ann-Charlotte Pasquier. Ce qui, à l'époque, semblait déjà long. " Mais l'impact est tel - de deux à trois fois plus important que pour une publicité au budget équivalent - qu'Aubade persévère. Surprise : à l'étranger, du Japon aux Etats-Unis où la marque se développe, le message passe. Y compris auprès des hommes, qui hésitent moins à pousser les portes des magasins de lingerie. Au milieu des années 90, Internet va même favoriser la naissance d'un fan-club. " Un internaute avait créé un site où l'on pouvait télécharger nos publicités pour en faire des fonds d'écran ", raconte la présidente. Aubade saisit la balle au bond et ouvre son propre site, où l'on retrouve les quarante leçons disponibles à ce jour. Il recueille jusqu'à 2 000 e-mails par jour lors des campagnes publicitaires ! Pour surfer sur son succès, Aubade publie depuis trois ans un calendrier et, cette année, un agenda édité par les éditions de La Martinière. L'an dernier, Ann-Charlotte Pasquier s'est demandé s'il n'était pas temps de passer à autre chose. " Nous avons organisé des tables rondes. " Le jugement est sans appel. Les consommateurs veulent continuer à recevoir des leçons de séduction. K. M. 200 % de progression du chiffre d'affaires pour Aubade depuis le début de ses leçons publicitaires.
FR "un corps sublime, un visage invisible, " pour faciliter l'identification " HAHA HAH AHAHAH AHAHAHAHA Et puis, S'identifier à CA ? Mais on est toutes bien mieux que que CA !!! Je t'en foutrai moi du SUBLIME ! Moi j'en veux pas de votre cambrure de reins, je veux pas mettre mes seins au balcon, mon mec préfère me les tâter sous le pull il trouve ça plus excitant, je suis fière de mon ventre qui ne sera jamais en creux mais qui est "plein" du souvenir des amours de mon amour qu'il a portés. Et je le répète : J'en veux pas de votre alibi de mec !!!!!!!!!
sylvi J'ai donc enfin réussi à avoir un code et un pseudo valides. Je suis ravie de pouvoir enfin intervenir sur ce forum. Je vous lis, toutes et tous, depuis environ 3 mois. Je ne connais l'existence des CDG seulement depuis 6 mois. C'est en fait le matraquage publicitaire qui m'a fait rechercher des consoeurs-frères dans une lutte contre cette exhibition d'indignités. J'ai banni la télé, je n'en ai jamais acheté - mais je n'ouvre plus une revue. Seule moyen de se préserver ? Mais les affiches sont de la pollution visuelle imposée de façon totalitaire (ou impérialiste ?). Dune, récemment, m'a particulièrement attristée. Mais je cherche des réseaux militants qui badigeonnent activement ces affiches pour les soutenir et me joindre à eux. C'est, me semble-t-il le moyen le plus efficace. Je pense qu'il ne faut pas acheter "Culture Pub" ou "Challenges" qui récupèrent à leur tour notre indignation. Par ex., Cult.pub qui titre : "pub macho, 1 fçs/2 pense que NON"! Pourquoi ne pas avoir plutôt mis "1fçs/2 pense que OUI" - c'est pourtant logique. Challenges informe qu'un sondage a fait continué à A leur campagne, les Fçs eux-mêmes en redemandant. Ce genre d'information incite à baisser les bras. Alors que tous les gens autour de moi sont contre. D'où ils les sortent leurs témoignages?
Natacha Myrrha a parlé au début (j'ai noté sur un bout de papier) qu'une spécialité de bordel était de proposer des femmes sans tête, tout juste leur trou à explorer... Je n'savais pas, mais ce que je sais, c'est que les Japonais, hommes d'affaires toujours pressés et ingénieux, ont inventé un système de service sexuel : Une grande barricade, avec des trous de loin en loin ! Monsieur se présente devant un trou à sa hauteur, comme pour faire pipi. De l'autre côté, invisible, une femme lui fait une pipe, vite fait et qu'ça saute ! Il referme sa braguette pour vaquer ensuite à ses occupations. Eh bien, ça me dégoûte au-delà de tout.
mod007 torpedo aubade en procès je vous recommande à tous et à toutes l'article sur Aubade paru dans Transfert à l'adresse suivante : http: // www. transfert.net/fr/cyber_societe /article.cfm idx_rub=87&idx_art=5786 aubade attaque en justice plusieurs assos osant parodier leur pub pour dénoncer le sexisme de l'entreprise. C'est très instructif.
Elis Tout à fait intéressant, Torpedo, c'est vrai. Le hic, c'est que le détournement des pubs Aubade n'est plus visible, et que le site auquel on nous renvoie est assez affligeant par sa vulgarité et ses grosses ficelles... Mais j'ai peut-être mal vu ... Je trouve de toute façon le principe du détournement tout à fait à encourager. D'autres comme Casseurs de pub ont proposé des détournement vraiment intéressants (n°1 et 2) mais c'est vrai que hormis dans leurs campagne de badigeonnages de pub, ils s'en prennent peu à la pub sexiste. Quant à la réaction de Aubade, elle me laisse plutôt pantoise et me laisserait croire qu'Ann Charlotte Pasquier doit être entourée de gens qui ont les dents bien plus acérées qu'elle ...
mod007 Désolée, Valérie d'avoir du couper tes messages. Mais il n'est pas possible de citer longuement les insanités trouvées sur le site de détournement de pub ici.
Valérie
J'avoue honnêtement que les pubs Aubade je m'en fous. J'avais d'ailleurs
clairement écrit mon désaccord aux chiennes de garde lors de
l'affaire des galeries Lafayette. Il me semble qu'il y a des combats plus
importants a mener. mais je m'égare comme d'habitude :) Mais quand
vous signalez qu'A se permet de porter plainte quand des détournements
de leurs pubs sont faits. je ressortirais une vieille expression paysanne
"qui se sent morveux se mouche". Aubade devait s'attendre a des
réactions, s'ils ne sont pas capables de les assumer c'est leur problème.
Réclamer un million de francs de dommage et intérêts me
semble absolument ridicule et scandaleux. [...]
> Elis : voici les pubs trafiquées (je n'ai pas mis le lien direct
vu que les pubs sont pornographiques). [...]
Vous qui trouvez les pubs Aubade sexistes, qu'allez vous dire de celles ci....
Pour ma part je les trouve grossières et affligeantes. J'aurais plutôt
vu un détournement avec un homme en sous vêtements (aubade ou
pas) et un slogan amusant en dessous. mais pas ces cochonneries.
Valérie mod007 : pas de souci la dessus. Je pensais qu'on pouvait citer les sites clairement sexistes qui, sous couvert de plaisanteries, font l'apologie du machisme. Désolée si j'ai dérapé vraiment.... je ferai plus attention la prochaine fois.
Leirn Je voudrais revenir sur les Galeries Lafayette. Ce qui est grave, c'est la vitrine et les activités des filles. Les filles en lingerie se livraient à des activités féminine : papotage, vernis à ongle, cuisine. Je cite presque mot pour mot le communiqué de presse. Après la femme objet, voici la femme potiche. Ensuite, la vitrine fait penser aux femmes en vitrine en Hollande. Les vendeuses du magasin qui devait supporter toute la journée les pub grasse, les mecs qui le demandaient : "combien tu coûtes ?" elles, n'avaient rien demandé. Enfin, que Chantal Thomas dise qu'elle a fait de l'Art fait coaguler dans l'instant mon système sanguin. C'est une insulte à l'art de prétendre d'une vente crapoteuse pourrait s'en rapprocher.
Valérie Moi je me fais en général les ongles des pieds a poil donc bon.... Bon on aurait peut être pu leur filer des bouquins il est vrai. Je comprends que ça puisse te faire penser aux vitrines en Hollande a une nuance près : les filles étaient grassement payées, consentantes ce qui n'est pas le cas aux pays Bas. (mais c'est un mauvais argument oups :) ). de l'art ? non un coup médiatique tout simplement. Il est en revanche bien clair que les plaisanteries graveleuses devaient fuser, tant sur elles que sur les vendeuses. et merde elle va me faire changer d'avis aussi j'en ai marre :) Cependant un mannequin du dit "défilé" a dit que certaines chiennes de garde (ou femmes peut-être n'étaient elles pas dans l'assoc) les avaient insultées, les traitant de vendues, salopes et autres qualificatifs. Que certaines enragées s'en soient prises à ces filles, je trouve ça dommage. Qu'on condamne le "défilé" ok mais qu'on insulte les filles....
Leirn L'action Galerie Lafayette a d'abord été initié par mix-cité, rejointe par les CDG. Personne n'a insulté, ni au nom de mix-cité, ni au nom des CGD, évidement. Il est inqualifiable d'insulter les filles. On peut dire qu'on est contre, que les filles ont tort, ne comprennent pas l'enjeu, etc, mais pas d'insulter. Néanmoins, ce n'est pas parce que quelques femmes au nom de la défense des femmes se tiennent mal que l'action féministe est mauvaise. Ce n'est pas parce qu'un arabe un jour vole un mobylette que les arabes sont intrinsèquement des voleurs. Des femmes qui insultent, ça a terriblement choqué ces filles, soit. Mais pourquoi alors n'ont-elles pas dénoncé tous ces mecs qui à cause de leur prestation venaient insulter tout aussi salement les vendeuses ? Pourquoi ne voit-on que la violence marginale des femmes et jamais la violence banale des hommes. Pourquoi ces insultes là font-elles plus de bruit, que les autres ?
FR Et pourquoi certaines de ces mannequines, à leur sortie des GF, repoussaient brutalement les féministes en lançant des "cassez-vous, vous nous faites chier, vous nous empêcher de bosser, vous êtes vraiment dégueulasses, vous ne comprenez rien". (Limite , avec leurs airs supérieurs de poupées ripolinées, de leur dire aussi : Vous êtes laides et coincées, jalouses !) Vu à l'époque à la tv, lors d'un reportage pris sur le vif. Leirn, vas faire un petit tour sur le site, rubrique "advertising" tu y verras côte à côte un tas de petites vignettes, un tas de seins, culs, reins cambrés, toutes ces leçons mises bout à bout, tous ces morceaux de viande ça produit vraiment un tant soit peu de dégoût, et là vraiment oui, on comprend que c'est de de la pub sexiste, un système de pensée machiste..... D'ailleurs ça y est ils découpent les mecs maintenant ! Après le type d'A, voici le torse tatoué du petit crocodile, limité au bas du menton pour le nord, et à la limite des poils pubiens pour le sud. Maintenant les nanas pourront bêler "waouh, les photos sont beeellles, les mecs subliiimes !" Il faudra aussi dire merci ? Moi, le mec le plus sexy de la pub du moment que je vois en 4x3 à Bordeaux c'est M. Propre, avec sa bobine à la Popeye sous le slogan "1966 : 1ers pas d'un homme dans la cuisine". Il sourit, il a l'air tout content de faire le ménage, lui. Dommage qu'il (et que ce) ne soit pas vrai !
Leirn Je suis allée voir le site, en effet. Ce qui m'a gêné dans cette multiplication, c'est surtout de voir toutes ces femmes sans tête. Là, ça fait vrai vraiment beaucoup. Les positions sont moins suggestives que dans le cas de La City, par exemple. Je suis contre la femme objet, l'homme objet ou l'enfant objet. Je déteste la pub pour Evian ou des bébés dont l'animation est entièrement trafiquée semblent faire une comédie musicale aquatique. Ils sont objectivés à un tel point que même les mouvements de leur corps ont été imposé, non pas avec un metteur en scène mais par retouche info graphique. Ca me choquait déjà au moment de la pub pampers où les bébés avaient l'air de faire de la gym (sauf que la technique était moins au point). Bref, pour moi, une lutte contre l'objectivation/marchandisation des corps dans la pub ne peut se faire que de manière globale (tous les corps). Parce qu'effectivement, si les femmes ont essuyé les plâtres, tout le monde en "souffre". Et je répète, ça me choque encore plus dans l'utilisation des enfants car peu de monde se rend compte que les enfants sont des personnes, on le droit de posséder eux aussi leur corps et ne sont pas des poupées que l'on peut manipuler comme on veut. Parce que si je trouve l'argument du libre arbitre spécieux dans le cas des mannequins, il n'existe même plus dans le cas de ces enfants dont on a pris l'image pour un fichier informatique et dont, ensuite, on contrôle tous les mouvements.
torpedo Ceux qui ne sont pas choqués par un tel procédé publicitaire trouveront normal un jour le fait qu'on mette en vitrine des noirs entrain de danser avec des os dans le nez pour vendre des djembés,ou des tissus africains.
mes
messages apparaissent puis disparaissent y'a pas de censure sur ce site ?
bibliographie...pour une thèse ça se fait : - L'excellent dossier
du Nel Obs de la semaine du 22 au 30 mai (*) qui part de la tendance chez
les écrivains femme : le phénomène dépasse donc
bien le seul cadre de la pub. Il se termine par les mots " les mères
manifestaient et faisaient des colloques sur le droit au plaisir, leurs filles
les ont prises au mot ". J'y cite le philosophe M Onfray " le dernier
avatar d'une conception chrétienne de la sexualité "
et
C Breillat " je ne comprends pas comment on peut se mobiliser contre
la pub porno chic. Toute interdiction d'une image de la femme rejoint l'intégrisme,
et cet intégrisme n'a pas désarmé "
.et je
ne l'ai lu que ce WE !!!! c'est donc bien une histoire de se crêper
le chignon entre nous
.. - Le très beau livre d'ARUNA, voyage
initiatique d'une femme moderne, " DIT MOI SI JE M'APPROCHE " ed
3 MONTS. Pour celles qui ne voudraient pas aller au bout de ce voyage là,
retenez seulement qu'elle en est passé par cette phase de test des
limites de son corps. Il est la source de mon optimisme. Celle qui se posait
des questions sur le Yoga y trouvera des réponses. - " Un changement
de conscience, dans le sens d'un meilleur équilibre entre cur
et raison, entre féminin et masculin, entre Yin et Yang est nécessaire
au niveau de la planète entière, si nous voulons résoudre
les multiples problèmes économiques, politiques, écologiques
et médicaux qui se posent à l'humanité
.Encore de
nos jours, le Reiki est d'avantage pratiqué par les femmes que
par les hommes. L'exemple des femmes nous laisse espérer qu'à
l'avenir de plus en plus d'hommes aussi développeront leurs qualités
YIN (féminines) pour le bien de tous " LE CUR DU REIKI,
W Distel et W Wellmann Guy Trédaniel éditeur. C'est de ce
coté là qu'elle se situe la révolution actuellement,
mais c'est une révolution silencieuse, quand
les médias se réveillerons, nous aurons occupé toutes
les strates de la société, dans tous les pays industrialisés
Ah, clo clo, j'avais omis de te dire, dans ma première réponse,
que chez Aubade, on a aussi un manifeste, tu aurais peut être hésité
à publier ma réponse
allez, j'arrête de te taquiner.
Pour celles et ceux qui désir échanger sur ce sujet ou qui souhaitent
une copie de l'article en question, je suis à leur disposition
quelqu'un
a du mettre mon adresse perso sur ce site
..mais je n'interviendrai plus
sur le forum, je ne crois pas que ce soit ma place, ça m'a fait plaisir
d'apprendre à vous connaître
. ann. charlotte (*) je ne
dis pas que du mal des médias !, ni des musulmans, ni des féministes
.ni
des publicitaires (y'a une majorité de femmes dans ce milieu !)
FR J'ai cliqué sur les petites vignettes parodies et là ben... j'ai rigolé, rigolé, d'autant plus de bon coeur que je me disais "mais oui, c'est exactement ça que montrent en fait les "vraies pubs" d'A, c'est exactement ce que VOIENT en fait les machos, quand ils passent devant les abribus", je ris de ces pubs parce que leur démonstration est juste, comme on dit "c'est bien vu". Et elles ont l'immense avantage de n'être pas "faux-culs" :). Les pubs d'A ne sont pas descendues au niveau de la pornographie ? Mais si le porno chic c'est d'abord du porno. Cette parodie le prouve par A+B. Sur le site de "transfet" hier, cet extrait d'article d'un des journalistes dit : "Inanité du message publicitaire. Détournements de publicité reproduites sur une vingtaine de sites tentent de démontrer par l´absurde que la femme est placée dans une position d´objet sexuel. Cela passe par un système de dérision très proche de ce que pouvait faire le Professeur Choron dans Hara-Kiri. On apprécie ou pas. Mais ce n´est sans doute pas beaucoup plus "beauf" que de montrer un gros plan sur une poitrine féminine et d´écrire à côté "Leçon n°34 : jouer avec ses nerfs". Le détournement de pubs est une pratique ancienne fortement reprise ces temps-ci par tous ceux qui s´opposent à l´idée d´une société de consommation dans laquelle les marques seraient toutes-puissantes. Peut-on raisonnablement croire que toutes les femmes qui portent du Dior s´enduisent, à moitié nues, d´huile de vidange ? Que des crèmes donnent une ligne de jeune fille en 10 jours ? "
Cloclo Je conseille le super dossier sur la pieuvre publicitaire dans le monde diplomatique de mai à celles qui ne l'ont pas encore lu. On y cite d'ailleurs les chiennes de garde ...
clo clo...j'suis en train de te donner raison, je sais pas ne pas réagir non plus (pourtant je pratique quotidiennement...oh esprit du grand Gandhi, viens moi en aide !!!!) 1) je n'ai pas lu l'article que tu cites...mais pour avoir lu celui de Challenge, je peux te dire que c'est truffé de C.... c'est ce que je voulais dire par "je ne sais pas ce qui est le plus dangereux " . A bien y réfléchir, ce doit être le cocktail média pub...d'ailleurs j'ai plein de ce qu'on appelle "des retombées presse" dans notre jargon, avec toutes ces histoires...y'a rien de plus juteux...ça c'est pour ceux qui croient encore que je vis le nez sur mes courbes de ventes, j'ai pas intérêt à vous avoir dit ce que je vous ai dit...faudra pas le dire à mon conseil d'administration, je vais me faire virer !!! 2) excusez moi pour le mot révolution (d'ou mon impression de censure !)...je crois qu'il doit être banni ici, il s'agit en fait de re-évolution (puisque ce sont des enseignements qui existent depuis l'aube de l'humanité)et je vois vraiment les femmes progresser et tirer les choses. il ne s'agit que d'une ré-évolution du coeur, pas de sang, pas de violence, mais un mode de pensée masculine qui régresse. 3) non, je ne tolère pas les détournements (pour le coup machistes, sexistes et ...vulgaires), c'est pas une question d'argent, on n'a jamais rien récupéré, mais si tu ne fais pas peur aux petits cons.... 4) je comprends parfaitement votre réaction sur la pression des affiches dans les rues (un copain m'en faisait la réflexion encore ce WE....), juste un truc: c'est au niveau de vos municipalités qu'il faut agir...ce sont elles qui signent des contrats juteux avec les afficheurs (pour diminuer les impôts locaux parait-il....)les marques n'en sont aucunement responsables. Zut, encore un truc: une femme qui donne des leçons a été à l'école....donc, elle a une tête !!!!
Jacques
On peut évidemment trouver vulgaires les détournements de la
pub de lingerie postés sur le site anti-pub de "Castypique".
Mais j'aurais personnellement tendance à approuver ce qu'en dit FR
: Il faut ajouter que ces détournements n'ont pas été
créés par Castypique, lequel emprunte beaucoup de détournements
publicitaires à d'autres, et sur de multiples sujets. L'une des rubriques
les plus fournies concerne les multinationales pétrolières et
l'environnement. Il y a aussi une multinationale de la malbouffe, la pub pour
les bagnoles, avec dénonciation explicite de son sexisme, etc. Pour
en montrer l'esprit, voici un extrait de la page d'accueil du site de Castypique:
<<[...] La publicité n'est pas un art, mais bel et bien une
rhétorique minable, un sorte d'exercice de style quotidien, où
l'on entremêle images consensuelles et messages démagos.
Mais pas toujours, et parfois la pub nous la joue méchante, vulgaire
et sans foi ni loi. C'est le genre de pub style "O*******", "C****-I****",
"L****.fr", et c'est surtout une vision qu'utilise les nouveaux
géants de la e-connerie. On y renverse les valeurs les mieux acceptées,
on piétine toute forme d'idéalisme
autre que l'utopie libéra liste, on dégueule
sur le francais moyen et la masse populaire, quitte à choquer,
et ça tombe bien, parce que c'est justement le but. Là, on tombe
dans le vaseux, dans le graveleux. On est à l'échelle zéro
de la chose publicité. Et il n'y a souvent que les créatifs
et leurs mandants qui ne le remarque, si lourdement ancrés dans leurs
bulles capitalistes et leurs obligations envers les actionnaires. Bref, tu
l'auras compris, ami lecteur et lecteuse, j'ai le plus profond mépris
pour la publicité. Elle n'est que la vitrine tout en cotillon et
technicolor du capitalisme, et son plus fidèle bras droit. Et simplement
à ce titre, et parce qu'elle n'est que ça, elle se doit d'être
combattu. Même si je passe pour un gland, même si tout le monde
s'en tape et même si, évidemment, ça ne changera rien.
[...]>>
Mais c'est TRÈS dangereux, car la publicité est protégée
par les lois COMMERCIALES, qui, sous prétexte de protéger
la libre concurrence et le sacro-saint jeu du marché, sont
en fait les lois les plus liberticides
de notre société. La liberté d'expression est normalement
protégée par la loi, avec pour limite la possibilité
des victimes éventuelles de cette liberté de porter plainte
pour diffamation. Ce qui n'est plus très efficace pour limiter le débat
politique et social. En revanche, quand les acteurs de la vie politique et
sociale sont des acteurs économiques (des entreprises, et en particulier
des multinationales), ils sont protégés par le droit des marques.
Critiquer tel pétrolier responsable de marées noires tombe sous
le coup des lois interdisant la contre publicité. Et le droit de parodie,
auquel ne peut s'opposer l'auteur d'une uvre littéraire ou artistique,
ou d'un discours politique, N'EXISTE PAS en droit des marques!!!! Si Castypique
n'a sur son site que quelques vignettes détournant la pub de lingerie,
c'est que Charly et sont entourage ont coincé judiciairement l'auteur
de ces vignettes, qui s'est vu interdire de poursuivre son uvre. Et
maintenant ils s'en prennent à Castypique lui-même. Vont-ils
pour cela faire cause commune avec les pétroliers à marées
noires et les multinationales de le malbouffe? Pas très joli, joli,
tout ça, à mon avis. Les entreprises, surtout les grosses,
les publicitaires, etc jouent désormais un
rôle SOCIAL et POLITIQUE. Sinon ce fil, et plusieurs autres
ici, n'auraient pas lieu d'être. Et ce rôle est au
moins aussi important que celui des politiciens officiels, rendus
largement impuissants par l'internationalisation du libéralisme. La
démocratie exige donc désormais que les citoyen(ne)s puissent
directement s'attaquer au VRAI pouvoir, celui des entreprises. Y compris par
le boycott et le détournement de publicité. La forme, pas forcément
heureuse, que prend ce dernier, est par rapport à cela une question
secondaire.
C'est bon, Jacques, les cours de marketing commencent à rentrer ! - FR, t'as pas compris qu'on était une bande de copines qui parlaient à d'autres copines ????zut alors, faut vraiment tout tout décrypter....sans rancune.... Lequel est jacques et lequel est jacques, j'avais pas pris le temps de lire le 1 er long message. Encore une fois, faut pas tout mélanger: le problème de la tendance actuelle de la pub (le fameux porno chic) et une révolte sous-jacente contre le système. Ni moi, ni les publicitaires ne sont responsables des marées noires et tout le bastringue....l'homme, les hommes ont inventé un systhème, il est ce qu'il est et on a tous la trouille avec....et c'est pas d'arrêter de vendre des petites culottes qui va y changer quelque chose, la barbe à la fin ! et la parodie a existée de tout temps, bien avant que les hommes n'inventent la pub....p'être bien que déjà sur les parois des grottes ???? p'être bien qu'il y avait déjà de la pub ? qui s'est intéressé à l'histoire de la publicité ici, ah, oui, au fait "la petite culotte est en train de devenir un objet social"....mais c'est une autre thèse et là je commence à fatiguer. ac
Jacques À Charly Sans doute, encore que pousser au crime de la surconsommation puisse y être quand même pour quelque chose. Et en tous cas si la parodie a existé de tous temps (et si donc elle est légitime, ce que je crois), le mieux est de ne pas utiliser les lois liberticides du commerce pour tenter de la faire taire. Encore une fois, ni un(e) écrivain(e), ni une(e) artiste ni une(e) politicienne n'aurait le droit (en France) de se plaindre en justice d'une parodie. Seuls les marchands le peuvent. Et, pour rejoindre le titre d'un autre fil, c'est "deux poids deux mesures". Dans le mauvais sens à mon avis, s'il pouvait y en avoir un bon. Pour Médée, Bien sûr que le site de Castypique est loin d'être uniformément génial ("lecteuses", est-ce un subtil second degré?). Normal puisqu'il fait une espèce de collection de parodies de publicité, dont les auteurs sont divers et n'ont ni le même goût ni le même talent. Mais, face à la dictature molle (pas toujours si molle que cela d'ailleurs) du fric et des marchés, je trouve que sa démarche a sa place. Surtout quand certains de ces détournements DÉCRYPTENT en fait le sens véritable de certaines publicités. À nouveau, je suis d'accord avec FR pour dire que c'est le cas des détournements de la pub de la boîte de lingerie à Charly. Ou en tous cas de trois d'entre elles sur les 4 postées. C'est parfaitement évident quand on visite le site de cette maison de lingerie, ce que je n'avais pas fait jusqu'à présent. Pour répondre à la première remarque que m'avait faite Clo-Clo sur le présent fil, je n'avais pas non plus vu le texte "Leçon n°XX, lui faire tirer la langue et exorbiter les yeux". Je travaille à 12 km de mon domicile, dans un endroit très mal desservi par les transports en commun, et j'avais juste vu l'image en passant en voiture devant des abribus, dans la partie urbaine de mon trajet.
sylvi
La dernière pub d'A présentait un fessier, ni plus, ni moins.
Comme dit Médée, il est dit "séduits, ma petite!".
Mais comme les publicitaire n'ont pas autant d'élégance et ne
connaissent que l'arrogance comme mode d'expression, c'est plutôt "fais
bander avec ton cul, par derrière c'est plus animal, tu verras ça
leur plaira" (et tu pourras garder ton mec). Je trouve qu'on invite plus
à la sodomie qu'à un coït classique en présentant
ainsi des fesses. La culotte en question, comme dit Elis, sert surtout à
montrer les fesses (curieux !). On dirait plutôt une jupette trop courte
qui laisserait voir l'intimité d'une fille crédule à
ses dépends. Un mec m'a raconté qu'il demandait à une
fille de se balader dans le métro sans culotte et de se baisser régulièrement
lorsqu'il l'estimait opportun. Ce qui est dingue aussi, c'est que les professeurs
auxquels sont confiés les jeunes s'évertuent à leur donner
le goût de la culture et de la connaissance par des chemins complexes
et subtils (littérature, art, etc) et que la société
leur crie à grand renfort de moyens dans toute la ville "vous
cassez pas la tête, de toutes façons y a que le cul, le reste
n'est que foutaises". On peut d'ailleurs mesurer le degré de culture
de Mme Pasquier qui écrit "farniente 451" pour "fahrenheit
451" (début du fil). Beau lapsus ! Et aussi deux fois de suite
"systhème" ! Plus grave encore, Mme Pasquier nous dit "
ça
s'appelle l'exercice de la liberté [
] on n'a pas le choix
"
Curieuse vision de la liberté ! Et elle invite aussi ceux qui ne sont
pas d'accord à se casser au fin fond du Larzac, le plus tôt sera
- semble-t-il - le mieux (pour lui permettre de régner tranquillement)
PERSONNE NE LES RETIENDRA : car contrairement à elle et ses collègues
assurément aimées de leur maris personne ne peut aimer ces contestataires
(c'est bizarre de se targuer ainsi d'une chose dont personne ne peut avoir
une entière certitude). Elle serait aussi capable de leur suggérer
de se suicider, à mon avis, mais elle n'a quand même pas osé.
Heureusement, Cloclo lui répond qu'elle veut juste être bien
dans sa ville et ne partira pas car ce n'est pas son souhait. Les gens qui
ont besoin de bosser sont, de toutes façon bien obligés de vivre
dans les villes, et ceux qui n'ont pas les moyens d'avoir une voiture (ou
en ont fait le choix) doivent attendre leur bus en compagnie d'un inquiétant
fessier pas si chaleureux, illuminé si la nuit est tombé - encore
plus hypnotique.
Nos villes ne nous appartiennent plus ! Je n'ai plus la télé,
mais je dois être agressée psychologiquement en allant à
mon travail ! Dune était particulièrement à vomir (pourquoi
aucun nom mentionné sur les pubs YSL - craindraient-ils des représailles
? - C'est qu'alors ils saisissent pleinement la portée de leurs actes).
Cléli Sylvi, Je ne partage pas, loin de là, les opinions de Mme A, mais par contre, je ne suis pas trop d'accord avec toi quand tu dis que la pub incite à la sodomie, parcequ'elle montre une paire de fesse dans de la dentelle. Pour être claire il n'y a pas que cela!!! A part ça, moi non plus j n'ai pas envie de me sentir agressée par les pubs quand je vais au boulot, mais celles qui montre la femme dans son rôle traditionnel de "balai ambulant" me gênent plus. question de feeling sans doute.
Jacques <<Mme Pasquier nous dit " ça s'appelle l'exercice de la liberté [ ] on n'a pas le choix ">> Elle a en effet une curieuse conception de la liberté, puisqu'elle cherche à faire interdire les parodies de ses pubs... sous une astreinte financière faramineuse (j'ai failli écrire "phynancière", mais je crains que notre Charly n'ait pas la culture nécessaire pour décrypter). Ça démasque un peu le propos, non? Faire par des lois commerciales ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter la liberté marche en France.
sylvi
Mme Pasquier se prétend libératrice de carcans judéo-chrétiens
la solution, c'était d'afficher des culs partout, on est tout de bêtes
de pas y avoir pensé plus tôt. Mais - que je sache - si je désire
me promener nue, en maillot ou en lingerie dans les rues, je n'y suis de toutes
façons pas autorisée : les flics me ramasseront sans chercher
à comprendre ! Ce double langage de la société me paraît
assez perturbant. Le pire, c'est de croire que ces photos sont belles ("artistiques").
D'erreur en erreur les gens tombent dans le panneau de la scandaleuse imposture
de la publicité pornographique (même chic) qui se fait passer
pour de l'art. Cet hiver, idem H&M : Claudia Shiffer en 4 x 3 en mini-bikini
couleur chair dans diverses positions : comme chez A., c'est la poupée
qu'on tourne dans tous les sens pour s'amuser. Pathétique. Mais bon,
"elle est belle" (d'ailleurs je trouve pas), alors on peut rien
dire
Et après les marques moins connues imitent les campagnes
qui ont marché, vous avez pas vu ce phénomène? c'est
l'horreur. Les mêmes, la misère en plus.
Qui est Anne Zelensky, s'il vous plaît? Je salue sa plume délicieusement
juste.
J'ai noté que Mme Pasquier n'est guère inspirée quant
à ses convictions en matière de lingerie : il n'en est jamais
question. Elle préfère être nue chez elle (si j'ai bien
compris - on saura tout - sauf l'essentiel). C'est la nudité érotique
qu'ils vendent aux gens, pas de la lingerie. Mais ça marche du tonnerre
- même en étant hyper lourds : 200% de progression de CA depuis
le début de la campagne.
Mme Pasquier cite C. Breillat. Il semblerait que puisque celle-ci est médiatisée
(équivalent à la canonisation dans les nouveaux cultes) ce qu'elle
dit est parole d'évangile. Moi, j'ai trouvé "Romance"
intéressant et je suis allée le dire à la cinéaste
lorsqu'elle est venue au cinéma art et essai de ma ville. Mais je ne
suis pas du tout d'accord avec elle dans le nouvelObs sur le sexe et les femmes.
D'ailleurs, les journalistes relatent ses propos de façon critique,
ce que Mme Pasquier n'a semble-t-il pas vu! (en ligne la semaine dernière
: http://quotidien.nouvelobs.com )
Schmorgluck
Les photos d'Helmut Newton, c'est beau, c'est inutile, c'est de l'art. Les
pubs pour la marque ici traitée, c'est assez joli, en effet, esthétisant
on peut dire, mais c'est pour vendre, ça n'est pas de l'art et c'est
vraiment le DISCOURS qui me choque : des leçons, la belle affaire !
C'est donc comme ça qu'il faut être et agir ? D'ailleurs, il
ne s'agit pas là de séduction, mais d'aguichage, ou alors il
faut partir du principe qu'une femme doit se mettre illico en petite tenue
si elle veut attirer l'attention. Il m'est arrivé de ne pas avoir de
désir a priori pour une femme et que ce désir me prenne petit
à petit au cours d'une longue conversation. Mais il est vrai qu'on
ne vend rien en montrant des gens qui discutent !
Il a été question du naturisme, alors je me fends d'une petite
anecdote : un jour de printemps que j'étais sur une des plages de Belle
isle en mer où le nudisme est autorisé, je vis une fille de,
je ne sais pas, 13 ou 14 ans maximum, aller se baigner nue avec ses parents,
en toute simplicité. Cette vision m'a beaucoup ému (dans un
sens non-érotique je tiens à le préciser pour les esprits
mal tournés), parce qu'elle véhiculait un je ne sais quoi de
paisible et de sain, c'était éblouissant. Rien à voir
avec un étalage complaisant de chair !
sylvi Helmut Newton à conçu et réalisé un cliché sur le quel une femme nue à 4 pattes, la tête baissée, portant des escarpins noirs, sert de support à une plaque de verre. Ceci constitue une table du dernier chic. N'est-ce pas? (entre autres) Je ne dis pas que ce n'est pas un artiste, j'en sais rien, je cherche seulement à comprendre...
FR Tout ça pour dire que quand on est naturiste, on n'en a rien à foutre des lingeries A. et autres bikinis pour paraître sexy qui s'étalent sur 50 pages des catalogues VPC !!! La liberté c'est ça !!! La vraie vie aussi !! Mme Pasquier vous ne m'aurez pas vous ne m'aurez pas !! (oui je sais que vous vous en fichez mais moi ça me fait plaisir de savoir que je ne suis pas (sur ce coup là en tout cas) une couillonne de plus !! Quand à Helmut Newton , ce gros lard* qui fait de l'art :))... lard = cochon
Cléli H. Newton n'a rien à voir à l'affaire, la photo comme la peinture emploi beaucoup le nu, et c'est parfois très beau, mais ce n'est pas de la pub...
Cloclo newton et la pub ce n'est peut-être pas la même chose mais il y a des similitudes au niveau du message, non ?
Cléli Non Newton et la pub, il n'y a pas forcement de similitudes au niveau du message (sauf quand Newton fait des photos pour la pub). La photo (d'art, de paysage, de guerre....) est faite pour être regardée, pour faire passer le message du photographe, celles de la pubs sont faites pour vendre un produit, il y a là toute une différence qui fait que je peux avoir des photos (y compris de Newton) chez moi mais pas d'affiches de pubs.
Cloclo Similitudes ça ne veut pas dire la même chose, ça veut dire des points communs. Entre la photo de nu de Newton dont parle Sylvie et les pubs qui utilisent des femmes fatales, le message est assez proche, non ?
Suzanne
Helmut Newton est un excellent technicien, mais comme artiste... Peu de renouvellement,
ni même d'originalité au départ. Il me rappelle un peu
Delvaux. Bref, pas de quoi s'attarder.
Sinon, pour la prochaine campagne de pub A, madame la pédégette
devrait aller se balader simplement vêtue de sa mauvaise lingerie du
coté de Sarcelles. Non seulement ça serait très "créatif",
mais ça pourrait être très drôle aussi.
Mathieu silvi, anne zelensky est une grande figure du féminisme français, elle a énormément compté dans le MLF, et entre autres elle a co-fondé (avec simone de beauvoir), la Ligue du droit des femmes, association qui existe toujours et qui réclame depuis sa création une loi antisexiste. bref, c'est pas n'importe qui :-)
valerie Plusieurs campagnes ont franchi la ligne jaune, en matière de respect de la dignité de la femme. Le gouvernement réfléchit à un éventuel encadrement législatif de la création, tandis que le Bureau de vérification de la publicité souhaite s'en tenir à son mode d'intervention actuel.
Charlotte Comment ça, je suis pas raffinée ? Ouais, c'est vrai qu'à y bien réfléchir, je ne suis pas très raffinée. Et puis tiens, j'en rajoute une couche : la nouvelle campagne HOM me met du baume au coeur (!), le nid douillet, vivez nature, elle est fraîche, elle sent bon la ferme et les bois, l'omelette aux champignons, les brins d'ille et les brins d'herbe... J'aurais presque pu me passer de la photo du caleçon, ça casse quelque peu l'ambiance printanière et bourgeonnante. Dommage.
Ssyb Cette campagne pour des sous-vêtements masculins, elle est INSUPPORTABLE quand elle est affichée à l'arrière d'un bus qu'on ne peut pas doubler sur des kilomètres. C'était mon coup de gueule du jour :-)
bonjour,
....bon, je fais les photos du printemps prochain aujourd'hui et je n'ai toujours
pas trouvé la solution auprès de vous....
c'est drôlement dur de mettre tout le monde d'accord ! entre ceux qui
m'expliquent que ce que je fait est trop sexy, et ceux qui m'expliquent que
j'ai le droit de rien dire sur les détournements pornographiques....
oui, je sais vous allez me répondre que j'ai qu'à arrêter
la pub, ça m'évitera de m'arracher les cheveux.... mais cette
simple phrase vient de coller 450 femmes au chômage !
- j'ai fait une réponse à Transfert, le journaliste a même
mit un lien sur votre forum ! la pub, ça a aussi un "effet boomerang"
(deuxième loi mathématique) ; il y a aussi eu réponse
sur FR3 vendredi.
- e-conneries: être en prise avec la bêtise, la méchanceté
et la vulgarité n'est vraiment pas le panacée !
si il y a une loi pour protéger l'image de la femme, merci de demander
qu'Internet soit inclus dedans....parce que la réponse des tribunaux
est pour l'instant "nous ne sommes pas là pour juger du bon goût"...avec
une telle position officielle, vous êtes pas sortis de l'auberge avec
cette loi !
- Farniente: ah, le bonheur des correcteurs orthographiques, tiens allez,
du coup j'vais aller farnienter aujourd'hui, moi, en attendant que tout le
monde se mette d'accord ! allez, c'était mon "coup de gueule du
jour" à moi, désolée.... j'avais dit que je reviendrai
plus....faudrait pas quand même que le cas "A" devienne la
ligne spécialisée sur toutes les pubs qui vous révoltent,
je vais finir par me vexer.... ac
suzanne Si le produit était bon, il n'y aurait pas besoin d'autant de pub pour faire des ventes respectables... Enfin bon, pour ce que j'en dis...
Jacques
J'espère bien que PLUS PERSONNE ne postera sur ce fil, dont le titre
affiché sur la page d'accueil du forum, CONTINUE DE FAIRE DE LA PUB
à la lingerie porno soft de Madame Pasquier.
Il y a d'autres fils de pub ici, y compris plus récents. D'autant plus
impératifs à utiliser à propos des pubs AUTRES que pour
la susdite lingerie porno soft.
sylvi
Merci Matthieu d'avoir répondu à ma question, (j'avais bien
vu que c'était quelqu'un de bien AZ). Jacques, je ne pense pas que
notre discussion promeuve A. Ou alors, l'esprit critique a complètement
disparu de la planète et a laissé un pouvoir magique à
la pub : il suffit de prononcé le mot et c'est la gloire assurée
(ce qu'on peut éviter). PacoR aurait réussi "Stop Thinking".
C'est malheureusement aussi notre culture, ce paysage, autant que l'on s'en
serve de support pour élaborer nos échanges. Je pense que c'est
le moins mauvais usage que l'on puisse en faire et attendant qu'on arrive
à se faire respecter. Car il le faudra bien !
La situation est particulière, on ne peut pas baisser ainsi les bras
à ce stade. Effectivement, on se sert peut-être de nous ("réponse
à Transfert, le journaliste a même mit un lien sur votre forum
! la pub, ça a aussi un "effet boomerang"") mais les
dindes de la farces, ça reste celles qui achètent ces produits
qui les ridiculisent en plus de les empêcher de profiter de leurs sous
pour faire des trucs sympas où elles se feront vraiment plaisir ! J'espère
plutôt croire qu'elles se les font offrir, sinon c'est vraiment trop
con !
Je sais que c'est indiscret mais j'ai envie de vous faire partager un mail
qu'on m'a adressé personnellement à partir de ce forum : "Sylvie
je suis directeur artistique à Marseille... tu te fatigues pour rien...
l'image de cette pub les révulse (les chiennes de garde) car elle véhicule
la féminité. à bientôt peu être" (l'a
pas trop compris le sens de mon propos - en plus, ben moi je suis "féminine",
pas spécialement fière de l'être et hyper contre cette
pourriture visuelle) :-)
J'ai bien aimé un passage de ac (au sujet du Reiki, je crois) assez
révélateur : c'est une révolution silencieuse, quand
les médias se réveillerons, NOUS AURONS OCCUPE TOUTES LES STRATES
DE LA SOCIETE, dans TOUS les pays industrialisés
y a pas super
volonté de puissance, là !
"je sais vous allez me répondre que j'ai qu'a arrêter la
pub, ça m'évitera de m'arracher les cheveux....mais cette simple
phrase vient de coller 450 femmes au chômage ! " C'est chiant cette
fausse volonté de communiquer en faisant du mot à mot, du hyper
réducteur (ce qui est en adéquation avec les raccourcis empreintés
par ce type de com visuelle) - pour dialoguer quand même malgré
l'ironie adoptée très irritante
je dirai qu'il suffit
de mettre un VRAI CREATIF à la Direction Artistique de la Com A. et
de mettre l'imposteur qui est à sa place actuellement à sa vraie
place : compta, gestion - pas les ressources humaines, ça ferait encore
des dégâts - le service commercial serait sans doute le plus
adapté. Chacun ses compétences et sa place en fonction dans
une structure !
L'argument utilisé me rappelle certains pays qui considèrent
la prostitution comme source de valorisation du PIB national. Ou de dire qu'un
tas de gens exploités ont au moins une source de revenus GRACE à
leurs exploitants
(Je ne dis pas que les employés de A. sont
exploités STOP au mot à mot) "sinon on y arrivera pas,
A QUOI D'AILLEURS" : pas mal aussi ça ! Ca annonce bien la couleur
et la direction du monologue.
L'express
03 mai 2001
Voyeurisme, l'il du témoin
Des
écrans de télé à ceux de nos ordinateurs, du roman
à la pub et à l'art, l'exhibitionnisme fait recette. Serait-ce
la fin d'un tabou?
Le triomphe du
voyeurisme
Une drôle de France est en train de montrer son visage. Une France qui
balaie sa pudibonderie habituelle et qui, soudain, se laisse aller publiquement
à un comportement que la morale traditionnelle du pays jusque-là
réprouvait. Le voyeurisme déferle
sur les écrans de télévision avec la nouvelle émission
de M6, Loft Story, et sa réplique phare: "C'est qui qu'a pété?"
Il envahit les librairies avec le spectaculaire succès de La Vie sexuelle
de Catherine M., le roman de Catherine Millet, elle-même photographiée
nue dans des lieux publics par son compagnon, Jacques Henric (Légendes
de Catherine M. , Denoël). Il inspire la publicité,
avec une exploitation systématique de la nudité, à l'image
de la campagne pour le parfum de Saint Laurent Opium, ou de situations sexuelles
ambiguës. Il se généralise sur Internet avec
ces fous du Web qui mettent leur intimité en ligne. Il inspire la création
artistique: ainsi, le vidéaste Pierrick Sorin rencontre un véritable
succès à la Fondation Cartier, à Paris, avec une exposition
qui nous dévoile sans pudeur les secrets de sa vie quotidienne. En
vérité, nous assistons à une poussée d'exhibitionnisme
généralisé (38 000 candidats pour Loft Story),
à laquelle répond une véritable envie de voir
: 6 millions de téléspectateurs pour la première
émission de M 6, 10 000 exemplaires du livre de Catherine Millet qui
sortent chaque jour... L'offre répond à une demande forte. Les
Français se font mateurs sans la moindre gêne. Les voyeurs n'ont
plus l'oeil collé au trou de la serrure, ils ne se dissimulent plus
derrière des volets entrebâillés, ils ne braquent plus
seulement dans la nuit leurs jumelles sur les fenêtres des voisins,
ils s'affichent aussi et utilisent ouvertement les moyens modernes de communication
pour satisfaire une curiosité hier jugée malsaine et proscrite.
Bref, ils répondent massivement à tous ceux qui ont
décidé d'exploiter la fin de ce tabou. Car il s'agit bien
de cela: dans le triomphe actuel du voyeurisme, c'est un nouveau code de
relations sociales qui transparaît.
La curiosité
pour ce que fait l'autre
Certes, les ressorts de l'intérêt qui a poussé 6 millions
de téléspectateurs le 26 avril devant l'écran de M 6,
et qui permet à la chaîne de pulvériser ses parts de marché,
sont sûrement assez différents de ceux qui aspirent les lecteurs
de Catherine Millet dans les librairies. Pourtant, il s'agit bien, dans les
deux cas, d'une curiosité infinie pour ce que fait l'autre en cachette
de nous, pour ce que nous nous refusons généralement à
montrer ou à avouer. Dans les deux cas, le mateur émoustillé
répond à une promesse explicite chez Catherine Millet, implicite
sur M 6: regardez ce que vous ne verrez jamais ailleurs qu'ici, mon sexe et
ma façon à moi d'en user. D'où le malaise du Conseil
supérieur de l'audiovisuel (CSA), dont le président, Dominique
Baudis, s'était juré de regarder l'émission Loft Story
"très attentivement" pour en discuter en séance plénière
le 2 mai. D'où l'irritation de la ministre de la Culture et de la Communication,
Catherine Tasca, qui a stigmatisé l' "incroyable" manque
d'imagination des chaînes privées et publiques. D'où,
enfin, l'exaspération du collectif Souriez, vous êtes filmé,
qui invite les téléspectateurs à boycotter l'émission
et à déverser leurs poubelles, le 12 mai, devant le siège
social de M 6.
Les dirigeants
de la chaîne, qui diffuse l'émission en continu sur TPS et sur
le Web, se défendent de jouer la carte du voyeurisme: "Les gens
savent qu'ils sont filmés, les caméras sont visibles",
répond Thomas Valentin, directeur des programmes. Jusqu'où leur
exhibitionnisme sera-t-il relayé? "On ira jusqu'à la limite
entre la pornographie et l'érotisme." Pendant ce temps, Catherine
Millet, elle, fait exploser cette frontière. "Beaucoup d'artistes
aujourd'hui s'interrogent sur la représentation de la sexualité
et cherchent à sortir de la vieille opposition entre l'érotisme
et la pornographie, qui ne correspondait qu'à une contrainte légale,
explique le sociologue Michel Bozon, spécialiste de la sexualité.
Les limites sont en train de bouger." Au fond, la directrice d'Art Press
prétend réaliser une oeuvre conceptuelle lorsqu'elle décrit
par le menu comment elle s'est fait défoncer par des dizaines d'inconnus
en une soirée, au bois de Boulogne ou ailleurs. Elle omet de dire ses
sentiments, son désir, sa jouissance, d'ailleurs hypothétique.
De sa vie sexuelle elle fait une "installation" qu'elle expose avec
une simplicité désarmante.
C'est la fiction qui devient triviale aux yeux de ces artistes de l'intime,
qui, chacun à sa façon - les cris de l'écrivain Christine
Angot, les "enquêtes" espionnes de la photographe Sophie Calle
- clament tous: "Je suis une oeuvre d'art." Quand elle publie le
journal d'une liaison d'un an, avec tous ses détails sexuels, Annie
Ernaux aussi s'adonne à cet exhibitionnisme littéraire radical.
Et Patrice Chéreau, qui, dans son film Intimité, montre la chair
un peu grise des amants et le choc de désirs mal fardés, dans
toute leur crudité affolante et nerveuse, met lui aussi en scène
du sexe hyperréaliste, celui de nos voisins de palier. Les sentiments,
ici, ne sont pas tirés comme de la guimauve pour emballer le tout.
Le sexe n'a pas besoin de maquillage quand il est "vrai".
Cette idéologie artistique montante masque au passage une vraie crise de l'imaginaire et de la création, par-delà la réalité. Elle traduit l'obsession moderne et galopante de la transparence et ponctue la fin de la vie privée. "Mon corps vous appartient", semblent proclamer Catherine Millet et les héros de Loft Story. Parce qu'elle s'intitule Journaux intimes, la série controversée de programmes courts diffusés sur Canal + offre une sorte d'aura aristocratique à des films pornographiques comme Ceci est une pipe, de Mario Bernard et Pierre Trividic, ou HPG, son vit, son oeuvre. Une tendance qui n'est pas que française: à New York, le Moma organisait, l'an dernier, une exposition baptisée "The Un-Private House" - la maison non privée - où 26 architectes présentaient des projets d'habitation ouverte au regard des autres. "Depuis quatre cents ans, on assistait à une progression de l'intimité, relève Terrence Riley, le responsable de l'exposition. Pour la première fois, le phénomène s'inverse."
Retour au Moyen
Age? A cette époque, il n'y avait pas de frontière entre l'individu
et la société. "C'est au XVIIe siècle, avec Descartes,
puis, avec Rousseau, au XVIIIe que s'est élaborée la philosophie
de l'individu enfermé, autonome", raconte Michel Maffesoli, qui
a publié Le Temps des tribus (La Table ronde). La formule exacte de
Descartes, rappelle le sociologue, est la suivante: Cogito ergo sum in arcem
meum, "Je pense, donc je suis dans ma forteresse". "On revient
au phénomène ancien, affirme Maffesoli. Tout
est désormais sur la place publique.
Loft Story, les émissions de Mireille Dumas ou le livre de Catherine
Millet sont des
indices de fin de vie privée.
Il y a
perte de soi dans l'autre. Le
propre du tribalisme actuel, c'est: je suis pensé par les autres."
L'autre m'intéresse parce qu'il est mon miroir.
250 000
judas électroniques
C'est l'échangisme des âmes, le culte d'un ego qui chercherait
à se faire adouber par un alter ego. Les marchands en jouent qui n'hésitent
pas à mettre en scène un couple ordinaire dans une vitrine,
à Genève, ou des femmes occupées à des tâches
ménagères aux Galeries Lafayette, en 1999. Mais c'est le Web,
qui permet de communiquer secrètement avec le monde entier, qui dope
la tentation exhibitionniste. Dans son livre Cher Ecran (Seuil), Philippe
Lejeune raconte comment de plus en plus de cybernautes livrent leur journal
intime sur le Net et trouvent un public voyeur. Aujourd'hui, des millions
d'internautes s'équipent de webcams - 250 000 écoulées
en 2000 sur le marché français, et ce chiffre devrait doubler
en 2001. Leurs propriétaires installent ces minuscules judas électroniques
dans les bureaux, les salons, les chambres à coucher. Pour communiquer
avec les proches, draguer des inconnus ou jouir du plaisir d'être vu
sans voir. Un grand-père canadien fait profiter le monde entier de
son plaisir d'avoir des petits-enfants, un Italien exhibitionniste se laisse
filmer par ses propres caméras dans toutes les pièces de sa
maison, un pseudo-psychanalyste américain cherche des clients pour
des séances de thérapie "face to face", un sex-shop
hollandais propose un peep-show en direct. La frontière est de plus
en plus ténue entre le marché du sexe et le commerce des affects.
La vie comme dans un bocal sous observation planétaire. La vie des
autres, à prendre ou à laisser. La philosophe Annie Le Brun
dénonce ce "trop de réalité" (titre de son
livre paru chez Stock) qui "se confond, dit-elle, avec une censure par
excès."
Mais ce sont
les Néerlandais qui, les premiers, ont osé briser le vrai grand
tabou: en septembre 1999, la société de production Endemol se
lance dans le télévoyeurisme sur la chaîne cablée
Veronica, avec l'émission Big Brother. Une dizaine d'hommes et de femmes
qui ne se connaissent pas se retrouvent, comme des souris de laboratoire,
enfermés dans un appartement isolé du monde, sous l'oeil des
caméras. Tous les quinze jours, un candidat est éliminé
après le vote des concurrents et des téléspectateurs.
L'émission fait exploser l'Audimat de la chaîne et sursauter
la Terre entière, qui suit en direct le psychodrame sur Internet. Pour
la première fois, une recette européenne est rachetée
par les Américains. Depuis, 27 pays se sont tour à tour lancés
dans ce type de show voyeuriste, dont le véritable attrait réside
dans le spectacle de la formation des couples et des micro- aventures de la
vie intime. Qui ne se reconnaîtrait pas, au moins un tout petit peu,
dans ce show- room?
La France, elle, a hésité. Les patrons des chaînes privées
ont même songé à sceller un pacte pour ne pas s'engager
dans cette voie. Mais la tentation de l'Audimat l'a emporté. La demande
voyeuriste a suscité l'offre. TF 1 ayant raflé Survivor , M
6, discrètement, a préparé Loft Story, et pris de vitesse
sa rivale. Au nom de cette règle: le premier qui diffuse gagne la bataille
de l'audience. Avant de diffuser Loft Story le 26 avril, M 6 a lancé,
en janvier dernier et pour un an, une émission similaire sur le Web
et sa filiale thématique, TF 6 - Aventures sur le Net - qui met en
scène trois équipes de jeunes, enfermés ensemble pour
trois semaines et filmés en permanence. La chaîne Bouygues, elle,
a déjà enregistré l'adaptation du jeu américain
Survivor: l'émission française, qui a été tournée
sur une île en Thaïlande, sera diffusée cet été.
Nom de code: Les Aventuriers de Ko Lanta. Les Français auront donc
cette année au moins deux fois l'occasion de s'identifier à
des gens ordinaires qui, eux, sont passés à la télé.
Et, contrairement aux invités des émissions lacrymales du style
Perdu de vue ou Vie publique/vie privée, les acteurs de la "vraie
vie" ne sont ni excentriques, ni déjantés, ni malheureux,
comme le souligne Thomas Valentin, de M 6, mais "parfaitement bien dans
leur peau" (sic). Le travail de casting de la chaîne y a veillé,
psychologue en renfort.
Cela dit, les
Français ne détestent pas non plus jouer les voyeurs face à
leurs contemporains submergés de malheurs. Ces jours-ci, les hôtels
d'Amiens et d'Abbeville affichaient complet. Les "touristes"
ont afflué pour contempler le malheur des inondés et
ces derniers ont protesté en placardant cette affiche: "Nous
sommes des riverains sinistrés, non des animaux de cirque. Faites preuve
de solidarité plutôt que de curiosité." Quand
la fiction défaille, la réalité fait spectacle et alimente
ce nouveau genre qu'est l' "infotainment". De l'autre côté
de l'Atlantique, pendant ce temps, Timothy McVeigh, condamné
à mort pour l'attentat d'Oklahoma City (168 victimes en 1995), a
lui-même demandé que son exécution soit diffusée
à la télévision, requête refusée par
les autorités américaines. La société Entertainment
Network, qui voulait obtenir la permission de transmettre l'événement
en direct sur Internet en installant une webcam dans la chambre d'exécution,
a carrément porté plainte contre le gouvernement pour entrave
à la liberté d'expression.
Le psy
de service veille : Le psychanalyste Serge Tisseron affirme que ce nouveau
voyeurisme moderne ressemble à s'y méprendre à celui
des mères qui font irruption à tout moment dans la chambre des
enfants, ouvrent les tiroirs et soulèvent les matelas. D'ailleurs,
certaines crèches se sont équipées de webcams afin de
permettre aux parents de jeter un oeil sur leurs enfants, de loin. Comme les
mères, les téléspectateurs de Loft Story sont appelés
à pressentir le comportement futur de leurs cobayes. Comme les mères,
mais aussi comme les voisins, les piliers de comptoir qui jasent tout le jour,
la concierge planquée derrière son rideau, ces spectateurs se
laissent aller à une sorte d'avidité malsaine, histoire de posséder
l'autre, de l'annihiler, de se mesurer ou de s'identifier à lui. La
vie est une chose sérieuse. La preuve, le psy de service veille.
Plus il y a de
sexe en jeu, plus c'est excitant. "Il n'y a plus de norme absolue de
comportement sexuel, explique Michel Bozon. On ne sait plus ce qui est bien
ou mal. Voilà pourquoi on s'intéresse de plus en plus à
ce que les autres font. On essaie de comprendre comment ils se débrouillent
et de se fonder sur eux."
Les adolescents ne se contentent pas du
spectacle gentillet de Loana, la go-go
girl de M 6, et de ses copains de Loft Story, qui leur rappelle les décors
et le scénario de la série télé à succès
Friends. Ils vont aussi au vidéoclub
comme leurs grands-pères allaient au bordel. Mais, désamorcée
par la chute des interdits et la désacralisation du sexe, la pornographie
s'emballe dans une course folle aux sensations fortes. Quand la banalisation
gagne, le toujours plus triomphe aussi. L'industrie du X affiche une santé
éclatante. Chiffre d'affaires annuel: 2 milliards de francs,
au bas mot. Plus de 4,5 millions de cassettes sont vendues chaque
année. Selon une enquête du CSA, le porno représente
27% des films loués dans les vidéoclubs. On peut à
toute heure, désormais, voir un film X bien tranquille chez soi.
De Canal + à la chaîne XXL - tout un programme - on recense plus
de 90 pornos par mois à la télévision. Selon David
Chryso, journaliste au mensuel Hot vidéo, sorte de Première
pour amateurs de hard, "on produit en France un peu plus de 2
000 titres, un chiffre en progression. Surtout, le public s'est
élargi. Canal +, avec son
film du samedi soir, a amené un public neuf".
Denise Stagnara,
qui écrit des ouvrages d'éducation sexuelle pour les enfants
(Aimer à l'adolescence, Dunod) et leur donne des cours dans les écoles,
a été effarée de découvrir que la moitié
des gamins d'une classe de CM2 (10-11 ans) avaient déjà
regardé un film porno. Les actrices font d'ailleurs partie de leur
univers familier. "Il ne se passe pas une semaine sans qu'une fille du
X soit invitée à la télé, explique David Chryso.
Les stars sont connues, elles ont accès aux médias, racontent
des histoires." Les hots d'or, oscars de la profession, sont décernés
ces jours-ci à Cannes, en même temps que se déroule le
célèbre festival. Et, parce que l'industrie du X est toujours
à la pointe des développements technologiques, le Net est devenu
le nouveau territoire du porno. France Télévision en a fait
l'expérience: France2.com et France3.com viennent d'être squattés
par des sites X basés en Corée du Sud. La mondialisation est
partout.
Masochisme et vidéos "extrêmes" : Derrière la
façade banalisée et bon enfant se cache une réalité
plus sordide. Depuis le début des années 90, mais
avec un coup de rein très récent, on assiste à
la montée de la violence dans les films. "On est passé
du sadomasochisme au gang bang et maintenant aux vidéos ''extrêmes'',
dans lesquelles le viol n'est pas toujours simulé,
explique Christophe Bourseiller, auteur des Forcenés du désir
(Denoël). Il y a même des efflorescences, comme les adeptes
de la torture et des serial killers."
Moins hard mais désormais banale, la pratique
dite "du bukkake" (mot japonais), dans laquelle une femme nue est
"offerte" à 75 hommes qui viennent à tour de rôle
éjaculer sur elle. Autre pratique à la mode, le fisting: on
enfonce le pied, la main ou une partie du bras dans le sexe de la femme. "Il
n'y a pas 150 000 façons de faire l'amour", explique le sociologue
Richard Poulin, qui a publié un livre sur le sujet (La Violence du
porno, Cabédita). Pour attirer le client, il faut toujours trouver
autre chose, comme le raconte Raffaëla Anderson, une ex-actrice X qui
charge aujourd'hui le milieu du hard dans un témoignage impressionnant.
Poulin précise: "Dans le porno, le schéma est immuable : la femme veut toujours et l'homme est la victime. Pour rester homme, il doit donc dominer, humilier." Drôle d'image de la femme donnée aux ados, gros consommateurs de vidéos X. "Ces films font croire que toute femme aime la perversité", note la psychanalyste Jacqueline Schaffer. D'autant que la publicité en rajoute: Ungaro et Gucci jouent le sadomasochisme et Dior adopte l'esthétique de la "tournante", appellation à la mode du viol collectif. Payant: depuis cette campagne, selon Dior, les ventes auraient progressé de 40%. "En France, la publicité est très influencée par les codes pornos et la femme y est chosifiée exactement comme dans le X", affirme Richard Poulin.
Quelque
chose est peut-être en train de changer.
Après seize années de diffusion de son film X, Canal
+ s'est finalement décidée à afficher le texte de
l'article 227-22 du Code pénal, interdisant d'inciter les mineurs à
le regarder. Le secrétariat aux Droits des femmes vient de demander
un rapport, qui sera remis en juillet, sur "l'image de la femme dans
la publicité". Les publicitaires sont dans leurs petits souliers.
A la suite de la série de campagnes qui ont largement franchi la ligne
jaune, Ségolène Royal, ministre de la Famille, a convoqué
les dirigeants du Bureau de vérification de la publicité (BVP),
organisme d'autodiscipline de la profession, le 24 avril. "Nous allons
réactualiser le chapitre consacré à l'image de la femme,
en introduisant les notions de violence, de soumission et de dépendance",
a promis Joseph Besnaïnou, directeur général du BVP, à
la sortie de la réunion.
La pornographie, dans sa version sadique et ses jeux de rôle assez niais, est à la fois la caricature et le fruit de l'épuisement des transgressions. On va voir, dans le film X, ce qu'on ne peut pas faire. Avec le voyeurisme, qui s'étale aujourd'hui sans complexe, on va regarder ce qu'on ne peut pas voir.
Du voyeurisme qui ne se dissimule plus et devient un marché, au porno qui ne trouve plus de limite, c'est une nouvelle manière de vivre ensemble qui se dessine. Des codes sociaux fondés sur des valeurs jugées jusque-là fondamentales se fissurent. La sexualité mais plus largement l'intimité deviennent des affaires publiques parce que la sphère privée n'obéit plus aux mêmes règles. Elle n'est plus encadrée par une morale chrétienne qui formatait les esprits et les moeurs, mais elle ne trouve plus de limite non plus dans les valeurs collectives. Certes, l'Etat continue à légiférer sur nos vies, mais son autorité recule et, surtout, il n'a d'autre objectif que de desserrer les écrous de la vie individuelle, et plus précisément personnelle. Le voyeurisme trouve là la source de sa légitimité. Plus rien ne le sanctionne, ni la morale ni la loi. Aucun interdit ne l'entrave. Ainsi devient-il aussi bien un comportement nouveau qu'un marché exploitable. C'est à ce basculement social que nous assistons. Pour le meilleur et pour le pire.
Jacqueline
Remy, Jean-Sébastien Stehli, Denis Jeambar, Gilbert Charles
Le
Monde Diplomatique 2001
La fabrique des désirs
par Ignacio Ramonet
"Le
métier de la publicité est désormais si proche de la
perfection qu'il va être difficile d'y apporter des améliorations."
Samuel Johnson, 1759.
Contrairement aux idées reçues, la publicité et ses ficelles
sont anciennes Voir l'exposition " 250 ans de publicité ",
Musée de la publicité, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris. . Dès
le XIIe siècle, des crieurs assermentés parcouraient le coeur
des villes en scandant à tue-tête des ordonnances ou des avis
divers. Au XVIIIe siècle, avec l'invention de la lithographie, naît
l'affiche commerciale qui tapisse aussitôt murs et palissades. Mais
c'est au XIXe siècle que la machine prend son essor. La publicité
devient un marché et entreprend vite de coloniser les pages des journaux.
" Dès 1836, Emile de Girardin a l'idée de lancer son quotidien
à grand tirage, La Presse, en l'ouvrant aux annonces commerciales.
En 1832, Charles Havas crée la première agence d'information
internationale qui ne tarde pas à gérer aussi les espaces publicitaires.
En 1865, les petites annonces représentent déjà un tiers
de l'espace des journaux Libération, 24 mars 2001.. " Au tournant
du siècle, les grandes firmes issues de la révolution industrielle
doivent créer un marché de masse et façonner une demande
inorganisée. Car il n'y a rien de " naturel " dans le phénomène
de la consommation de masse. Il s'agit d'une construction culturelle et sociale.
Dès 1892, par exemple, Coca-Cola se dote d'un des principaux budgets
publicitaires au monde. Et en 1912, la répartition des investissements
publicitaires de la firme est la suivante : 300 000 dollars d'annonces dans
la presse, 1 million de calendriers, 2 millions de cendriers, 5 millions de
panneaux lithographiques, 10 millions de boîtes d'allumettes aux couleurs
de Coca-Cola Cf. Richard S. Tedlow, L'Audace et le marché. L'invention
du marketing aux Etats-Unis, Odile Jacob, Paris, 1997... Dès cette
époque, les dirigeants de cette firme conçoivent la publicité
à l'intention du plus grand nombre possible d'acheteurs potentiels.
" La répétition, déclare l'un d'eux, peut venir
à bout de tout. Une goutte d'eau finira par traverser un rocher. Si
vous frappez juste et sans discontinuer, le clou s'enfoncera dans la tête
Ibid. "
Le XXe siècle, avec la multiplication des médias électriques
(cinéma, radio), électroniques (télévision) et
numériques (Internet), a vu non seulement l'explosion de la publicité
mais aussi sa sophistication. L'ambition de manipuler les esprits, à
l'intérieur même des foyers, s'est haussée quasiment au
niveau d'une science. Les techniques de persuasion n'ont cessé de s'affiner
pour vaincre la barrière du bruit, déjouer notre méfiance
et venir incruster dans notre esprit un message très précis.
On
estime actuellement, dans les pays développés, le mitraillage
publicitaire à plus de 2 500 impacts par personne et par jour. La télévision
française, toutes chaînes confondues, a diffusé, en 1999,
plus de 500 000 spots... Dans ces conditions, un message publicitaire a fort
peu de chances d'être perçu. Une enquête a confirmé
que 85 % de l'ensemble des messages publicitaires parvenant à un auditoire
ne l'atteignent pas. Sur 15 % restants, 5 % provoquent des effets contraires
(" effet boomerang ") à ceux que l'on recherchait. Et seulement
10 % agissent, en principe, positivement. Encore faut-il savoir que ces 10
% se réduisent, au bout de vingt-quatre heures, par oubli, à
simplement 5 %. La déperdition atteint donc 95 % des messages publicitaires
émis !
Comment procède alors la pub pour nous atteindre ? Certains ont imaginé
un message réduit à une seule image et dont l'effet serait considérable.
Un tel procédé, dit de l'image subliminale, rend imperceptible
la publicité. En insérant une image parasite parmi les 24 qui
défilent par seconde au cinéma (25 à la télévision),
la persistance rétinienne ne se produit pas. L'oeil voit et le cerveau
en est informé, mais en dessous du seuil de conscience. Par effet subliminal
(du latin sub limen, sous la limite).
Considérées comme illégales, les images subliminales
hantent l'esprit de nombreux citoyens Lire Propagandes silencieuses, Galilée,
Paris, 2000. En France, en 1988, après la victoire électorale
de François Mitterrand, le journal Le Quotidien de Paris reprocha à
ce candidat d'avoir bénéficié de l'effet occulte d'"
images subliminales " contenues dans le générique du journal
télévisé de la deuxième chaîne (alors Antenne
2). Un procès fut intenté pour " manipulation électorale
". Les plaignants perdirent le procès. Mais la CNCL, ancêtre
de l'actuel Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), décida
d'interdire toute incrustation de ce type.
En mai 2000, une association, aux Etats-Unis, a accusé le film Battlefield
Earth, adapté d'un roman de Ron L. Hubbard, fondateur de l'Eglise de
scientologie, et interprété par John Travolta, de " contenir
des images subliminales " pour favoriser la conversion du public.
En septembre 2000, au cours de la campagne présidentielle, le candidat
républicain George W. Bush dut admettre qu'un spot réalisé
par son équipe contenait une image subliminale. Ce spot s'en prenait
au programme de son adversaire démocrate Albert Gore. En surimpression
sur l'image de ce candidat apparaissait d'abord la phrase : " The Gore
Prescription Plan : Bureaucrats Decide. " Puis, sur fond noir, cette
phrase voyait les quatre dernières lettres du mot " bureaucrats
" se détacher et venir s'inscrire, un trentième de seconde,
en capitales, " RATS ", sur tout l'écran International Herald
Tribune, Paris, 13 septembre 2000. Harcelé par les médias, M.
Bush dut se résigner à le retirer de sa campagne.
La publicité se voulant un art de persuader, chaque message est très
élaboré. Avant diffusion, par exemple, une image est parfois
soumise au test dit d'" eye camera " : on enregistre, sur un spectateur
cobaye qui la regarde, par caméra invisible, le mouvement des yeux,
l'activité des pupilles. En multipliant ces tests, on peut déterminer
statistiquement le parcours de l'oeil ; ce qui est vu en premier, ce qui lui
échappe. Tout cela procède d'un travail de recherche issu de
la collaboration de spécialistes appartenant à des disciplines
diverses : sociologues, psychologues, sémiologues, linguistes, graphistes,
décorateurs.
Une telle conjonction d'expertises a fait dire à Marshall McLuhan :
" Il n'y a pas d'équipe de sociologues capable de rivaliser avec
les équipes de publicitaires dans la recherche et l'utilisation de
données sociales exploitables. Les publicitaires consacrent chaque
année des milliards de dollars à la recherche et à l'examen
des réactions du public et leur production est une extraordinaire accumulation
de données sur l'expérience et les sentiments communs de toute
la société Marshall McLuhan, Pour comprendre les médias,
Seuil-Mame, Paris, 1968, p. 252. "
Les enfants sont une cible privilégiée. Selon une estimation
du Syndicat national de la publicité télévisée,
les annonceurs ont dépensé, en France, en 1999, plus de 1 milliard
de francs en spots destinés aux enfants de moins de 14 ans. L'Institut
de l'enfant estime qu'environ 45 % de la consommation familiale (soit 500
à 600 milliards de francs par an) est plus ou moins directement influencée
par des désirs enfantins. " L'avis des 4-10 ans joue surtout sur
l'alimentaire, la confiserie, le textile et les jouets, estime JoëlYves
Le Bigot, président de cet institut, mais ils influencent aussi 18
% des achats de voitures et 40 % du choix des lieux de vacances Télérama,
Paris, 12 avril 2000. "
La publicité promet toujours la même chose : le bien-être,
le confort, l'efficacité, le bonheur et la réussite. Elle fait
miroiter une promesse de satisfaction. Elle vend du rêve, propose des
raccourcis symboliques pour une rapide ascension sociale. Elle fabrique des
désirs et présente un monde en vacances perpétuelles,
détendu, souriant et insouciant, peuplé de personnages heureux
et possédant enfin le produit miracle qui les rendra beaux, propres,
libres, sains, désirés, modernes...
La publicité vend de tout à tous indistinctement, comme si la
société de masse était une société sans
classes. " Face à un monde angoissant, que la télévision
rend présent à tous, a pu affirmer le sémiologue Louis
Quesnel, la publicité évoque un monde idéal, purifié
de toute tragédie, sans pays sous-développés, sans bombe
nucléaire, sans explosion démographique, et sans guerres. Un
monde innocent, plein de sourires et de lumières, optimiste et paradisiaque
Communications no 17, Paris, Seuil, 1971. "
Par accumulation, les pubs répètent et accréditent les
grands mythes de notre temps : modernité, jeunesse, bonheur, loisirs,
abondance... La femme, par exemple, reste enfermée dans une parole
qui, le plus souvent, ne la reconnaît que comme objet de plaisir ou
sujet domestique. Elle est traquée et culpabilisée, rendue responsable
de la saleté de la maison ou du linge, de la détérioration
de sa peau et de son corps, de la santé des enfants et de la propreté
de leurs fesses, de l'estomac du mari et des économies du foyer. Au
bureau ou à la cuisine, sur une plage ou sous la douche, sa dépendance
ne varie pas : elle demeure esclave du regard du maître, l'homme la
jugera quoi qu'elle fasse, et même si elle se " libère "
par son travail à l'extérieur, il surveillera le hâle
de sa peau, l'odeur de ses aisselles, la brillance de ses cheveux, la fraîcheur
de son haleine, le relief de son soutien-gorge ou la couleur de ses collants.
ancien activiste contre la guerre du Vietnam, William Zimmermann estimait
qu'il ne fallait pas avoir honte d'utiliser la publicité pour se faire
entendre : " Aujourd'hui, la classe progressiste américaine n'a
pas le choix : être détruite par le système ou, ce que
nous avons enfin compris, le détruire en utilisant ses propres armes
Le Monde, 4 mai 1980. " Ce n'est, bien entendu, pas si simple. Car le
principe de la publicité est de tout recycler. A cet égard,
on a vu récemment des symboles comme la faucille et le marteau (Self-Trade),
ou de grands leaders révolutionnaires comme Marx (la banque UFF), Lénine
(LibertySurf), Mao (banque UFF), Zapata (LibertySurf) ou Che Guevara (LibertySurf)
servir de faire-valoir, dans des pubs, pour vanter la " révolution
" Internet...
A ce propos, Frédéric Beigbeder observe : " Les dictatures
d'autrefois craignaient la liberté d'expression, censuraient la contestation,
enfermaient les écrivains, brûlaient les livres controversés.
(...) Pour réduire l'humanité en esclavage, la publicité
a choisi le profil bas, la souplesse, la persuasion. Nous vivons dans le premier
système de domination de l'homme contre lequel même la liberté
est impuissante. Au contraire, il mise tout sur la liberté, c'est là
sa plus grande trouvaille. Toute critique lui donne le beau rôle, tout
pamphlet renforce l'illusion de sa tolérance doucereuse. Il vous soumet
élégamment. Le système a atteint son but : même
la désobéissance est devenue une forme d'obéissance Frédéric
Beigbeder, 99 F, Grasset, Paris, 2000. "
Structurellement réductrice, la publicité offre une vision condensée,
schématique, simple de la vie. Elle recourt volontiers à des
stéréotypes pour nous dicter nos désirs. Et nous faire
accepter notre propre asservissement.
Le
Monde Diplomatique 2001
Des marques au fer rouge
dans nos consciences par Marie Bénilde
Octave
Parango, le personnage de Frédéric Beigbeder dans 99 francs,
fait des ravages dans les agences de publicité Frédéric
Beigbeder, 99 francs, Grasset, Paris, 2000. Depuis que cet anti-héros
cocaïnomane joue les fossoyeurs de l'industrie, avec son récit
apocalyptique du métier de " créatif ", le microcosme
professionnel est en pleine crise. " Alors que le publicitaire séduisait,
il y a quelques années, il est désormais l'objet d'un certain
mépris agressif, s'alarme Alexandre Pasche, directeur de l'Agence B.
Aujourd'hui, une large part de la population, dans différentes catégories
sociales, fustige les "pubards" et les "pubeux" Stratégies,
Paris, 16 février 2001.. "
Jacques Séguéla, qui n'a eu de cesse que de nous rendre le publicitaire
sympathique et proche, fait figure de fossile. Face à lui, Frédéric
Beigbeder, " le renégat ", est plus " tendance ".
L'ancien concepteur-rédacteur publicitaire de l'agence Young &
Rubicam, chroniqueur à Voici et ancien animateur de soirées
décadentes, est en effet un auteur à message. Entre doses de
cocaïne, scènes pornographiques et liste complète de tous
ses slogans publicitaires, son héros entreprend de dénoncer
le " mercantilisme universel ". Il confirme ainsi que Nestlé
est propriétaire du mot bonheur, qu'il existe des machines à
laver incassables que personne ne veut commercialiser et que tout individu
est, en moyenne, exposé à 350 000 spots publicitaires jusqu'à
l'âge de dix-huit ans.
L'écrivain est-il pour autant subversif ? Remet-il en cause un modèle
dominant ? Bien au contraire, il s'y complaît. Son livre, qui s'est
vendu à plus de 300 000 exemplaires, sert désormais de modèle
de lancement aux produits d'édition. Tout relève en effet du
cas d'école : un titre exemplaire (" pour 99 F seulement "),
un licenciement opportun (" J'écris ce livre pour me faire virer
"), un personnage moderne rétribué 13 000 euros par mois
(" Je passe ma vie à vous mentir et on me récompense grassement
") et un sens de la formule qui sert plus une forme de démission
collective que quelque révolte idéologique (" Nous vivons
dans le premier système de domination de l'homme par l'homme contre
lequel même la liberté est impuissante Frédéric
Beigbeder, op. cit. ").
La publicité serait-elle donc un système inébranlable
contre lequel on ne peut entreprendre rien de plus qu'un récit d'enfant
gâté ? Le constat serait inquiétant si, avec 99 francs,
il ne s'agissait pas de faire aimer le publicitaire autant que de critiquer
la pub. Car l'affectio societatis autour de la figure repentante d'Octave
sert mieux l'industrie publicitaire qu'un panégyrique de Procter &
Gamble. Dans le système de croyances véhiculé par la
" culture pub ", le " créatif " est en effet toujours
le gentil hurluberlu que l'on oppose au méchant annonceur.
Face à la brutalité des impératifs de la mercatique,
c'est la fonction même du publicitaire que d'être un agent d'humanisation
de l'idéologie marchande. Frédéric Beigbeder ne déroge
pas à la règle. Puisque l'opinion commence à ne plus
pouvoir digérer la débauche de publicité qui gagne notre
vie quotidienne (elle déborde des grands médias traditionnels
pour envahir le sport, les taxis, les façades d'immeuble, les spectacles,
et bientôt l'école ou les hôpitaux), le rôle du "
créatif " est d'intégrer l'opposition qui se fait jour
pour mieux épouser " l'air du temps ". En 1999, McDonald's
n'avait pas procédé autrement après les dommages subis
par un de ses restaurants à Millau et devant l'émergence du
mouvement anti-mondialisation conduit par José Bové : la multinationale
s'était alors empressée de donner des gages de bonne volonté
culturelle dans ses publicités en tournant en dérision la figure
du yankee et en enracinant ses produits dans notre terroir provençal.
Mais pour comprendre l'idéologie que véhiculent les dix-huit
millions d'insertions publicitaires délivrées par les médias
français en 2000, sans doute faut-il s'interroger sur la nature des
discours. Pour la plupart, il s'agit de messages anodins qui seraient inoffensifs
s'ils ne s'intégraient dans une logique de la manipulation. Car comme
l'a expliqué M. John Kenneth Galbraith, dans toute société
où la productivité est virtuellement illimitée - c'est
là le résultat de l'automatisation industrielle -, le contrôle
de l'appareil de production compte moins que la maîtrise de la demande
de consommation. La publicité joue donc ce rôle essentiel de
modeler les besoins et les attentes des individus en fonction de la demande
économique.
Aussi sommes-nous entrés dans ce nouvel âge du capitalisme que
M. Galbraith appelle la " filière inversée John Kenneth
Galbraith, Le Nouvel Etat industriel, Gallimard, Paris, 1967, et L'Ere de
l'opulence, Calmann-Lévy, Paris, 1961. " : ce n'est plus le consommateur
qui commande le rythme de la production par ses dépenses, mais le producteur
qui orchestre le désir de consommation pour produire. D'où le
sentiment commun que la publicité crée des besoins inutiles
dont les premières victimes sont les personnes les moins éduquées
et les plus vulnérables sociologiquement. L'année 2000, qui
a vu France Télécom devenir le premier annonceur de France,
est en cela édifiante : du portable au fournisseur d'accès à
Internet, en passant par toute une floraison de jeunes pousses (" start-up
"), nombreux sont les produits et les services qui ne doivent leur existence
qu'aux milliards de francs investis dans les grands médias. Le symbole
publicitaire de cette idéologie fut sans doute la campagne du site
Selftrade, montrant un marteau et une faucille en or sertis de diamants pour
inciter le petit actionnaire novice à spéculer en Bourse.
Il n'est plus nécessaire à un produit d'être consommé
pour qu'on le produise : la fabrication du désir de consommation peut
déterminer à lui seul l'activité de l'entreprise. Au
bout du compte, la publicité s'autosuffit, puisqu'elle nous vend un
bien dont la production dépend moins des revenus qu'il génère
que du système de croyances sur lequel repose son économie.
Signe de ce retournement de valeurs : Bouygues Télécom a fait
l'an dernier la promotion d'un forfait " spot " qui offre de la
téléphonie mobile gratuite à ceux qui ne peuvent pas
se la payer... à condition qu'ils acceptent que leurs appels soient
régulièrement entrecoupés de messages publicitaires.
La publicité mensongère est assurément interdite. Mais
elle devenue déconnectée de l'objet qu'elle prétend nous
vendre. Toute sortie d'un nouveau produit est d'ailleurs l'occasion d'une
mise en scène destinée à créer l'événement,
à favoriser l'identification à une marque. En anglais, la marque
(brand) se retrouve dans le verbe " to brand ", qui signifie "
marquer au fer rouge ". Du reste, l'efficacité d'une publicité
ne se mesure pas aux ventes qu'elle génère mais aux scores d'impact
et de reconnaissance qu'elle obtient auprès d'instituts de sondage.
Techniquement, il serait possible de mesurer l'incidence des dépenses
publicitaires sur la consommation à la sortie des caisses. Mais cela
n'intéresse pas vraiment les annonceurs. Ils préfèrent
se fier à leurs stratégies de communication plutôt que
de se confronter à la sanction du marché. Leurs publicités
sont moins destinées à vendre qu'à favoriser la transmission
d'une idéologie commerciale dont la marque est l'étendard.
Les campagnes dites institutionnelles ont d'ailleurs pour objet de nous vendre
un état d'esprit plutôt qu'une marchandise. Les slogans font
alors office de signes de reconnaissance et leur répétition
finit par propager le prêt-à-penser dont se nourrit notre inconscient
collectif. C'est le " Just do it " de Nike, ou le " solutions
pour une petite planète " d'IBM. Frédéric Beigbeder
cite ce propos de Goebbels : " La propagande cesse d'être efficace
à l'instant où sa présence devient visible. "
En créant un besoin primaire d'identification à un stéréotype
culturel, la " pub " parvient à remodeler la réalité
sociale selon une vision fantasmatique de la société. Les jeunes
au chômage dans une banlieue sinistrée relaient une guerre de
tribus entre Nike et Reebok. Autrement dit, ce ne sont plus les " créatifs
" qui partent du réel pour donner une illusion de réalité
mais les " cibles " elles-mêmes qui imitent la pub, ses slogans,
ses signes pour exister. En ce sens, la publicité représente
une industrie de transformation de la conscience sociale.
Le cas d'IBM est révélateur : ses campagnes ne cessent de nous
chanter les vertus d'un village planétaire où les différences
culturelles et sociales n'existeraient plus. " IBM Global Services. Des
gens qui pensent. Des gens qui agissent ", dit la signature publicitaire.
Derrière l'apparente bonhomie de ces spots où femmes et hommes
de la planète sont reliés entre eux, au travail ou à
domicile, sans distinction hiérarchique, c'est la fin du salariat,
l'apologie de la flexibilité et le nivellement des cultures qui se
jouent. De son côté, Vediorbis présente une vision idyllique
du travail temporaire : le chauffagiste, montré chez lui avec un bébé
dans les bras, apparaît conforté dans sa vie de famille. Les
sociologues savent pourtant que le recours à cette forme de sous-traitance
fragilise l'individu et dans son travail et dans son foyer.
Loi du silence
En juillet 2000, la campagne pour l'introduction en Bourse du géant
militaro-aéronautique EADS ne comportait, à la télévision,
aucune référence à l'activité militaire de ce
consortium. Et pourtant, l'entreprise fabrique missiles et hélicoptères
de combat, en tirant une bonne part de ses profits. Inutile, en tout cas,
de se fier au Bureau de vérification de la publicité (BVP),
organisme émanant des annonceurs, pour inciter la profession à
s'autoréguler. Les " créatifs ", qui se disent en
avance sur leur époque et disposés à briser quantité
de " tabous ", sont d'une frilosité exemplaire quand il s'agit
de la véritable loi du silence qui les concerne : l'impossibilité
de s'attaquer aux fondements de l'idéologie marchande. A l'inverse,
le tabou du sexe est à l'honneur depuis que les agences de publicité
ont établi la corrélation entre désir sexuel et pulsion
d'achat.
En octobre 1999, le BVP, où dominent les intérêts des
gros annonceurs américains (Procter & Gamble, Ford, Coca-Cola...),
avait refusé une campagne d'Amnesty International contre les violations
des droits humains aux Etats-Unis, sous le prétexte inédit que
cela nuisait aux " bonnes relations entre Etats ". Pourtant, en
raison de l'attachement des Etats-Unis à la notion de liberté
d'expression, la campagne n'aurait sans doute pas pu être interdite
chez eux. Mais, en France, le discours publicitaire est étroitement
surveillé. L'association Casseurs de pub, qui voulait promouvoir la
Journée sans achat en novembre 1999, a pu le vérifier à
ses dépens. Son spot de trente secondes, financé par des militants
pour une diffusion à une heure tardive sur France 3, a été
proscrit au motif qu'il ne délivrait pas un message d'intérêt
général. " On peut s'acharner sur les politiques mais dès
qu'on s'attaque aux multinationales, tout le monde tremble ", dénonce
Raul Anvélaut, ancien salarié de Publicis, responsable du Comité
des créatifs contre la publicité (CCCP). Dans les grands médias,
toute forme de résistance à la publicité semble vouée
à l'échec. Du même coup, on ne compte plus les agressions
de cette industrie : la femme-objet est presque consubstantielle au discours
des annonceurs ; la sous-représentation des Noirs, Beurs ou Asiatiques
y est plus forte que dans n'importe quel autre genre télévisuel
Lire " Tasca veut une télé black-jaune-beur ", CB
News, Paris, 29 mai-4 juin 2000. Selon une étude récente du
Conseil supérieur de l'audiovisuel, ils ne seraient présents
que dans 18 % des spots, pour la plupart d'origine américaine.. Quant
à l'enfant, pour lequel Nestlé et Colgate fabriquent déjà
des " kits pédagogiques " dans les écoles, il sera
demain la nouvelle victime d'un système néo-esclavagiste (ne
s'agit-il pas de " marquer au fer rouge " ?), au prétexte
qu'il a un pouvoir prescripteur sur la moitié des produits nouveaux
dans les foyers et que, adulte, il continuera à acheter les deux tiers
de ce qu'il consomme chez ses parents. Faut-il alors, comme Frédéric
Beigbeder, se contenter de tuer en rêve le retraité de Floride,
dont les fonds de pensions américains dominent le capital des multinationales
?
Le
Monde 22
novembre 2001
Société-monde contre terreur-monde
Shakespeare est l'un des nombreux auteurs invoqués par Edgar Morin dans son dernier livre, L'humanité de l'humanité : "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves". Après plus d'un demi-sièclede brassage incessantdes connais-sances, ce penseur foisonnant évoque ici les conditions propres à nous éviter de devenir de l'étoffe dont sont faits les cauchemars
"Le
contraire de la violence n'est pas la douceur c'est la pensée"
Etienne
Baulieu, auteur romand
UNE question
de vocabulaire, tout d'abord. Terrorisme.
La notion de terrorisme est valable pour l'internationale djihadiste
Al-Qaida qui agit par attentats et meurtres de masse sur des populations
civiles, mais elle est fort réductrice quand elle s'applique
aux formes violentes de résistances nationales privées de moyens
démocratiques pour s'exprimer. Ainsi le terme utilisé par les
nazis pour les résistants européens fut-il réducteur,
comme appliqué par Poutine à la résistance tchétchène,
qui comporte évidemment une branche terroriste, mais ne peut s'y ramener.
La violence d'Etat qui frappe un peuple en même
temps que ceux qui lui résistent est elle-même une violence de
terreur.
Al-Qaida constitue un stade nouveau du terrorisme. La mondialisation techno-économique
a permis une mondialisation terroriste, se transformant dans et par cette
mondialisation en menace mondiale.
Islamiste.
Le terme islamiste est riche de malentendus. Désignant
en principe tout croyant en l'islam, il est devenu, pour bien des Occidentaux,
synonyme de fanatique. Trop proche d'islamique (notion qui désigne
ce qui relève de l'islam), il risque de se contaminer en fanatisme
et terrorisme. De fait, l'islamisme, quand il comporte le retour au Coran
et l'application de la charia, comporte un rejet de la civilisation occidentale,
y compris le libéralisme politique et la démocratie. Mais il
n'implique pas de lui-même guerre sainte et terrorisme, bien qu'on puisse
glisser de l'islamisme au djihadisme. Une contamination analogue affecte le
terme de fondamentaliste (qui n'est pas en lui-même agressif).
Quant à l'internationale djihadiste d'Al-Qaida, il s'agit d'une déviance
religieuse hallucinée à laquelle on ne saurait réduire
l'islam. Mais le mot islamiste, tel qu'il est usuellement
employé dans les médias occidentaux, réduit tout islamique
à un islamiste et tout islamiste à un terroriste potentiel,
ce qui empêche de percevoir le visage complexe de l'islam.
Toute erreur de pensée conduit à des erreurs d'action qui peuvent aggraver les périls que l'on veut combattre. Il faut penser dans leur complexité non seulement l'islam mais aussi les Etats-Unis, Israël, la mondialisation elle-même, en reconnaissant les contradictions incluses dans chacun des termes.
Les Etats-Unis sont la plus ancienne démocratie du globe, ils constituent une société ouverte et par ce trait désormais vulnérable. Ils ont sauvé l'Europe occidentale du nazisme, ils l'ont protégée de l'URSS qui était loin d'être un tigre en papier. Ils ont secouru des peuples islamiques en Bosnie et au Kosovo. Les Etats-Unis ne sont pas responsables de la guerre meurtrière Irak-Iran, de la terreur en Algérie, de tous les conflits interarabes. Leur culture ne se réduit pas au McDo ni au Coca-Cola, mais elle s'est montrée créatrice dans la science, la littérature, le film, le jazz, le rock, et l'Amérique s'européanise autant que l'Europe s'américanise.
Mais ils constituent une puissance impériale dominatrice par l'armement et par l'économie. Leur démocratie ne les empêche nullement de soutenir des dictatures quand leur intérêt le commande. Leur humanisme comporte une tache aveugle d'inhumanité : ils ont pratiqué des bombardements de terreur sur les villes allemandes, puis les hécatombes de Hiroshima et Nagasaki. Les bombardements continus de l'Afghanistan révèlent un autre terrorisme frappant des populations civiles victimes, non seulement de bombes ou de missiles lancés de trop haut et de trop loin, mais de la peur et de la famine qui les contraint à l'exode. Sensibles à la souffrance des 5 000 victimes du World Trade Center, ils sont insensibles aux désastres humains que leurs bombardements infligent aux populations afghanes. Ils sont inconscients de la contradiction que comporte la terreur de leurs bombardements antiterroristes.
Les deux tours orgueilleuses étaient à la fois hyper-réelles et hyper-symboliques ; elles étaient l'incarnation et le symbole de la richesse, de la puissance américaines, de son capitalisme et de sa démocratie, de sa domination et de son ouverture ; la statue de la Liberté était devenue une allégorie ancillaire. Leur écroulement a creusé un trou noir incommensurable en notre vision non seulement de Manhattan mais aussi du monde. Pour certains, c'est une blessure infligée à l'impérialisme américain et au capitalisme, pour d'autres qui s'en angoissent c'est une brèche ouverte dans la démocratie et la civilisation ; ces deux vérités antagonistes sont complémentaires.
Certes, les Etats-Unis suscitent dans le monde misérable des aspirations, dont celles à y émigrer, ainsi que d'innombrables désirs d'entrer dans leur civilisation ; ils inspirent respect et obéissance à leurs vassaux, et le sentiment de solidarité occidentale demeure puissant en Europe. Mais en même temps la contemplation de leur richesse et prospérité, du sein du manque et du dénuement - dans ce monde misérable -, suscite une immense frustration. Leur domination provoque d'innombrables humiliations, un complexe d'infériorité technique (monde Sud), un complexe de supériorité culturelle (Europe) qui l'un et l'autre éveillent l'animosité.
Le mal-développement dont ont souffert tant de nations est attribué au sur-développememt économique américain. L'extrême dénuement alimentaire, médical auquel sont réduites d'immenses populations désarmées devant épidémies et sida nourrissent ressentiments à l'égard des populations hyper-nourries, hypersoignées de l'Occident et surtout des Etats-Unis. Là où il y eut d'antiques et glorieuses civilisations qui se sentent aujourd'hui amoindries ou menacées, le monde américain suscite allergies, inimitiés, agressivité.
Les conséquences néfastes de la libéralisation du marché mondial, l'accroissement des inégalités, les crises économiques multiples aggravent les animosités.
Dans les esprits où a régné ou règne encore la vulgate marxiste-léniniste, le modèle du socialisme "réel" s'est certes effondré (sans qu'ils en aient jamais mesuré la pourriture), mais la conviction que le capitalisme et l'impérialisme américain sont le mal absolu demeure. Ils ont gardé la satanisation de l'Amérique, foyer du capitalisme et de l'impérialisme, ignorant que le communisme soviétique fit pire que le capitalisme, ignorant les vertus de la démocratie et les vices du totalitarisme, ignorant que l'impérialisme américain est moins atroce que les impérialismes passés, notamment soviétique.
Ainsi, l'ensemble des ressentiments issus des parts les plus diverses de la planète suscite une haine fantastique et parfois fantasmatique des Etats-Unis coupables de tous les maux de la planète. Maîtres du monde (ce qu'ils ne sont que partiellement), on les rend responsables des maux du monde (ce qu'ils ne sont qu'encore plus partiellement).
Les Etats-Unis
sont ainsi considérés comme le mal suprême et actuel
du mal occidental, de cet Occident qui s'est déchaîné
sur la planète à partir du XVIe siècle,
l'a conquise, colonisée, exploitée, et
a génocidé des populations entières.
Guerre éclair,
doute persistant
Toutefois, ici encore, il est nécessaire de maintenir ensemble deux
vérités opposées. S'il est vrai que la domination de
l'Occident fut la pire de l'histoire humaine dans sa durée et son extension
planétaire, il faut dire aussi que tous les constituants de l'émancipation
des asservis sont nés et se sont développés au sein
de l'Occident, et ont permis l'émancipation des colonisés
quand ceux-ci se sont emparés des valeurs humanistes ouest-européennes
: droits de l'homme, droits des peuples, droits à la nation, démocratie,
droits des femmes. On peut même dire que le
retard d'une grande partie du monde à intégrer la démocratie,
les droits humains, le respect des droits des femmes est une des causes de
l'état périlleux du monde actuel.
L'islam ne saurait être lui non plus réduit à une vision unilatérale. L'histoire nous a enseigné clairement que la tolérance religieuse fut du côté de l'islam à l'égard des chrétiens et des juifs tant en Andalousie que dans l'Empire ottoman. L'islam fit naître la plus grande civilisation du monde au temps du califat de Bagdad. Or la nostalgie du passé glorieux, au sein d'un présent infortuné, sous le poids de dictatures corrompues policières ou militaires, après l'échec du développementalisme, du socialisme, du communisme, l'absence d'espoir dans le progrès et dans un futur occidentalisé, tout cela suscite un retour aux racines religieuses de l'identité.
De plus, la formidable frustration s'intensifie en humiliation et rage devant la quotidienne humiliation et répression endurée par les Palestiniens, l'injustice subie (deux poids deux mesures en Israël-Palestine), tout cela dans l'impuissance des Etats arabes, vassalisés ou non. Le soutien inconditionnel accordé par les Etats-Unis à Israël conduit à considérer Israël comme l'instrument de l'Amérique et à faire de l'Amérique l'instrument d'Israël, et plus largement des juifs. Cette identification aggravée par le "sharonisme" est fatale à l'Amérique comme à Israël.
Dans la situation actuelle, la frustration, le ressentiment, la nostalgie d'une grande civilisation passée, ressuscitent le rêve de l'Oumma, grande communauté islamique transnationale, et font d'un milliard de musulmans un vivier mondial où peuvent se recruter les djihadistes. Pour toute une jeunesse, du Maghreb au Pakistan, Ben Laden est un superman de la foi qui a décapité les tours d'une Babel qui était en même temps Sodome et Gomorrhe ; c'est un annonciateur de la rédemption de l'islam, de la résurrection de l'Oumma, du retour du califat. Un nouveau messianisme est né, dont on ne peut encore mesurer le développement.
Toutefois, en sens inverse, il y a de multiples aspirations vers le meilleur de la civilisation occidentale contemporaine : les autonomies individuelles, les libertés politiques, le droit à la critique, l'émancipation de la femme. La vraie bataille se livre dans les esprits d'un grand nombre d'islamiques, dont beaucoup veulent à la fois sauvegarder leur identité, le respect de leurs traditions et l'accession à des possibilités et droits dont jouissent les Occidentaux. La victoire sera à ceux qui sauront faire la synthèse entre l'identité culturelle et la citoyenneté planétaire.
Nation refuge, émancipatrice de juifs mais spoliatrice de Palestiniens, menacée d'extermination à sa naissance par ses voisins arabes mais devenue militairement plus puissante qu'eux, toujours incertaine de sa survie mais opprimant le peuple palestinien de plus en plus cruellement, Israël tend à lier son existence à une domination qui exacerbe la haine arabe ; il hésite à s'engager dans la voie aléatoire qui lui permettrait une insertion au Moyen-Orient en reconnaissant un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Au cours de l'ultime Intifada notamment, les héritiers des juifs, qui ont subi 2 000 ans d'humiliations et de persécutions, sont devenus des persécuteurs capables de ghettoïser les Palestiniens, d'exercer la responsabilité collective sur familles et civils, bref de faire des Palestiniens des humiliés et offensés comme le furent leurs ancêtres.
La question israélo-palestinienne est devenue le cancer non seulement du Moyen-Orient, mais des relations Islam-Occident, et ses métastases se répandent très rapidement sur la planète. L'intervention internationale pour garantir la naissance, l'existence et la viabilité d'un Etat palestinien est devenue d'une urgence vitale pour l'humanité.
Au cours de la dernière décennie, une société-monde a, à demi, émergé ; elle a sa texture de communications (avion, téléphone, fax, Internet) déjà partout multi-ramifiée ; elle a son économie de fait mondialisée, mais où manquent les contrôles d'une société organisée ; elle a sa criminalité (mafias, notamment de la drogue et de la prostitution) ; elle a désormais son terrorisme.
Mais elle ne dispose pas d'organisation, de droit, d'instance de pouvoir et de régulation pour l'économie, la politique, la police, la biosphère. Il n'y a pas encore la conscience commune d'une citoyenneté planétaire.
La mondialisation du terrorisme constitue un stade de réalisation de la société-monde, car Al-Qaida n'a ni centre étatique ni territoire national, il ignore les frontières, transgresse les Etats, et se ramifie sur le globe ; sa puissance financière et sa force armée sont transnationales. Elle dispose, mieux que d'un Etat, d'un centre occulte mobile et nomade. Son organisation utilise tous les réseaux déjà présents de la société-monde. Sa mondialité est parfaite. Sa guerre religieuse est une guerre civile au sein de la société-monde.
Cette machine de terreur sans frontières, ramifiée dans le monde entier, nourrie d'immenses frustrations et désespoirs, animée par une foi hallucinée, a soudain révélé un pouvoir dévastateur où la violence meurtrière d'une barbarie fanatique a pu utiliser les avancées les plus raffinées de la barbarie technique. La lutte contre Al-Qaida ne relève pas d'une guerre (toujours entre nations) mais d'une police et d'une politique.
Or, en bombardant l'Afghanistan, on transforme une métaphore de guerre en réalité de guerre (Max Pagès) et on fait les victimes d'une guerre, cela au détriment d'une action adaptée à la lutte contre un ennemi planétairement ramifié, laquelle nécessite une action planétaire commune autrement plus complexe.
Livrée à elle-même, la dynamique issue du 11 septembre multiplie et aggrave les risques :
Le risque économique. L'interdépendance propre au marché mondialisé détermine une fragilité, aggravée par l'absence de vrai système de régulation ; une crise généralisée, devenue envisageable, serait le bouillon de culture de nouvelles dictatures, voire de totalitarismes, comme le fut la crise de 1929. Plus largement, l'interdépendance de tout ce qui constitue l'ère planétaire fragilise le destin même de la planète.
Le risque hystérique. La menace permanente et multiforme sur les Etats-Unis, le déchaînement de l'antiaméricanisme ne peuvent que favoriser des surexcitations hystériques qui exacerbent les manichéisations et satanisations réciproques.
Le cancer israélo-palestinen s'aggrave ; ses métastases seront irrémédiables s'il n'y a pas solution rapide au conflit. L'onde anti-israélienne devenue à la fois antisémite et antiaméricaine ressuscite les visions médiévales européennes des juifs buveurs de sang d'enfant, pollueurs des esprits et des corps (répandant le sida), uvrant perfidement à dominer le monde.
La conduite de Sharon est non seulement mauvaise, elle conduit Israël au suicide à terme, même si ce suicide s'accompagne du feu d'artifice des deux cents têtes nucléaires israéliennes qui détruiraient une grande partie de l'humanité arabe. L'incapacité des Etats-Unis, des nations européennes, des Nations unies à imposer une intervention militaire internationale entre les combattants, séparant les deux territoires selon les frontières de 1967, conduirait à une catastrophe historique d'une ampleur inouïe.
Sous l'effet de l'onde de choc benladéniste, on peut envisager la décomposition en chaîne des régimes islamiques en place, au profit non de la démocratie, mais du fanatisme religieux.
Enfin le risque nucléaire, bactériologique, chimique, qui planait de façon stratosphérique au-dessus de la planète est devenu visible, pressant, urgent.
Le XXe siècle a vu se nouer l'alliance entre deux barbaries, l'une de destructions et massacres venus du fond des âges historiques, l'autre intérieure à notre civilisation, venue du règne anonyme et glacé de la technique, d'une pensée qui ignore tout ce qui ne relève pas du calcul et du profit. Le benladénisme constitue une nouvelle alliance entre les deux barbaries. Cela dit, il ne faut pas nous cacher qu'il y a une barbarie incluse dans notre civilisation, que celle-ci produit des forces de décomposition et de mort, et qu'à notre hyperdéveloppement scientifique et technique correspond un sous-développement mental et moral. Toutefois, cette civilisation dispose encore de deux vertus irremplaçables : laïcité et démocratie, même si cette dernière est atrophiée.
Les Etats-Unis et plus largement l'Occident oscillent entre deux voies : celle de la folie, à terme catastrophique et celle de la sagesse, difficile et aléatoire.
La voie de la folie est celle de la croisade, de la diabolisation, du manichéisme aveugle (car il y a du mal dans le bien mais aussi du bien dans le mal) et, développant l'hystérie de guerre, elle est la voie des massacres de masse de part et d'autre. Par contre la conscience des périls peut être un coup de fouet pour aller dans la voie de la sagesse. La voie de la sagesse comporte la prise de conscience capitale de l'intersolidarité humaine et de la communauté de destin planétaire. Plus que le "nous sommes tous américains", nous sommes tous enfants et citoyens de la Terre, et, en même temps, des Etats-Unis devrait s'élever un "nous ne sommes pas qu'américains".
Elle comporte la conscience que non seulement, comme le rappelait Paul Valéry, après la première guerre mondiale, les civilisations sont mortelles, mais aussi que l'humanité planétaire est mortelle. Elle comporte la conscience qu'aujourd'hui la seule alternative à la démocratie est la haine. Car rien d'autre que la chaîne ne peut triompher dans la destruction de la démocratie.
Elle comporte la reconnaissance de ce principe éthique minimum : on n'aura jamais un monde noble par des moyens ignobles.
Elle comporte la conscience que l'édification d'une société-monde est devenue vitale ; seule une société-monde peut répondre à une terreur-monde. D'où la nécessité de dépasser l'idéologie économistique qui donne au marché mondial la mission de réguler la société-monde, alors que c'est la société-monde qui doit réguler le marché mondial.
Le nouveau type de guerre nécessite un nouveau type de paix. Il comporte la nécessité de déclarer la paix à l'islam en déclarant la guerre au terrorisme, afin de séparer radicalement les fanatiques hallucinés de l'ensemble des islamiques. Ce qui nécessite le plus rapidement possible l'établissement d'une paix équitable au Moyen-Orient.
Une politique confédérale planétaire doit se substituer à une politique impériale. Outre la Chine, l'Inde, l'Europe, l'Amérique latine, il importe que se constituent de grands ensembles confédéraux qui deviendraient les grandes provinces de la planète, notamment un grand ensemble arabo-islamique renouant en termes contemporains avec le califat.
Une politique de la civilisation est la seule riposte à la guerre des civilisations. Concrètement, un plan Marshall pour les zones de pire misère de la société-monde ; entre autres une mobilisation massive de la jeunesse des pays aisés pour venir en aide sur place aux pays déshérités ; une agence mondiale des médicaments et soins médicaux pour les populations incapables d'en assurer les frais.
Enfin, le nouveau type de guerre nécessite un centre mondial de lutte contre-terroriste adéquatement ramifié.
La politique américaine a commencé en zigzag entre folie et sagesse, entre guerre impériale et guerre confédérale, entre régression de conscience et prise de conscience. Après ce zigzag entre les deux voies, l'intervention massive et continue en Afghanistan va vers la mauvaise, mais la seconde demeure possible.
Le temps de répondre au défi de la complexité planétaire est venu : il faut reconnaître les ambivalences et contradictions présentes dans tous les champs et tous les camps, il faut reconnaître les relations et rétroactions entre le tout et les parties.
Nous sommes sommés de mener en chacun de nous un grand combat spirituel. L'esprit humain porte en lui les pires des maux, ceux de l'incompréhension, de l'aveuglement, de l'illusion, de la folie. Mais il porte aussi la possibilité de rationalité, de lucidité, de compréhension, de compassion.
Dans l'état barbare actuel du monde, il n'est pas de solution actuelle qui serait vraiment vertueuse.
Il faut à la fois éviter le pire et aller dans la bonne direction : vers la société-monde et la terre-patrie.
Peut-être faudra-t-il avancer encore plus vers l'abîme pour qu'il y ait un véritable sursaut de salut, pour que la société-monde s'actualise en société des nations et des cultures unies contre la mort. A condition de n'y point sombrer, la catastrophe devient l'ultime chance.
Edgar
Morin
Né en 1921, Edgar Morin est sociologue. Cherchant à articuler
des éléments tirés d'un grand nombre de disciplines,
il est considéré comme le penseur de la complexité. Il
vient de publier (Seuil) le cinquième et avant-dernier tome de La Méthode,
son uvre maîtresse, en chantier depuis 1977.
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les revendications
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